Depuis plus d'une année maintenant, les opérateurs automobiles activant dans l'importation et dans la distribution de véhicules neufs sont dans la tourmente. Ne sachant plus sur quel pied danser, ces acteurs économiques se sont retrouvés pieds et poings liés. Les raisons : l'absence de véhicules neufs en concession et la perte d'agrément, ce qui impacte directement sur la vente de pièces de rechanges aux citoyens, ainsi que l'obligation de placer au chômage des milliers d'employés aggravant encore plus la crise du chômage qui secoue le pays en ce moment. Afin de trouver rapidement une solution à un problème qui s'éternise, les concessionnaires automobiles dans un dernier souffle se sont composés en groupement de concessionnaires automobiles, s'adressant directement au président de la République via une lettre ouverte, détaillant la situation ainsi que la tourmente dans laquelle ils vivent tous depuis plusieurs années maintenant. Que dit-elle ? La lettre en question, nous nous la sommes procurée et les concessionnaires n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Ils évoquent dans les deux pages la situation qui, non seulement s'aggrave pour eux en tant qu'opérateurs économiques, mais aussi pour les citoyens qui sont les premiers consommateurs et qui n'arrivent plus à acheter un véhicule d'occasion en raison de la flambée des prix. Les petites bourses ne peuvent plus circuler et les veilles guimbardes qui circulent deviennent de vrais cercueils roulants provoquant plus de mal que de bien. Dans cette lettre, les opérateurs expliquent aussi que l'exclusion qu'ils ont subie depuis 2017 au profit d'anciens oligarques a été un tournant majeur dans le secteur de l'importation de véhicules neufs. Les auteurs du courrier évoquent aussi le cahier des charges 15-58 de 2015 auquel tous répondaient aux critères, mais exclus au profit de Tahkout, Oulmi & co. Après 5 années d'attente, le nouveau cahier des charges 20-227 a été élaboré par l'ancien ministre de l'Industrie M. Ferhat Ait Ali Brahem. Le groupement des concessionnaires précise sur ce point que plusieurs opérateurs ont eu l'agrément provisoire «ce qui a créé en nous l'envie de travailler et nous a redonné l'espoir de relancer le secteur», mentionne la lettre. Malgré les nombreuses règles qui ressemblaient plus à des freins qu'à un texte de loi, les opérateurs s'étaient alignés sur ce cahier contre leur gré. Quelques mois après, et comme le mentionne la lettre en question, un troisième cahier des charges a été confectionné par Mohamed Bacha, faisant abstraction de quelques lois que nous avions dénoncé dans d'anciennes éditions.58 opérateurs n'ont pas bronché, car ne voulant que travailler, ils ont accepté les embûches qui ont été dressées jusqu'à ce qu'un comité technique interministériel soit mis en place. Selon les textes de lois mis en vigueur régissant la marche à suivre dudit comité, il s'écoulera au maximum 20 jours entre la date de dépôt et la réponse qu'elle soit favorable ou non. Trois mois se sont écoulés depuis le dépôt des dossiers, et jusqu'à présent, seulement une dizaine de dossiers ont été traités et tous refusé alors qu'ils répondaient tous favorablement au cahier des charges. Sabotage ou refus délibéré ? Les 58 opérateurs se posent tous cette question. Chômage et pièces de rechange En suivant la lettre point par point, on observe par ailleurs, que les concessionnaires ont évoqué le nombre d'employés mis au chômage et s'élevant à 30 000 postes directs et autant de postes indirects. Ils mentionnent aussi le décret émis par le ministère du Commerce concernant l'importation de produits dédiés à la vente en l'état. Les concessionnaires se retrouvent maintenant dans l'impossibilité d'importer la pièce détachée d'origine, élément essentiel dans le service après-vente. Sans agrément, l'importation des composants ne se fera plus et les prix des pièces ne cesseront de flamber chez les détaillants. Encore une fois, le consommateur va payer l'addition. Répercussions Cette situation catastrophique, qui perdure, ne présage rien de bon pour l'économie nationale. En effet, l'importation de véhicules neufs est un appui important dans le développement du pays et l'entretien des villes. Avec l'absence de véhicules neufs de toutes tailles confondues, les prix des voitures ont grimpé comme jamais ! Une Maruti 800 se négocie à 1 million de dinars, soit une plus-value de 600 mille dinars. La Kia Picanto continue de défrayer la chronique. Sur les réseaux sociaux, un revendeur propose la petite citadine à 4 millions de DA, soit 2 millions 200 mille dinars de plus qu'en concession. Quant aux véhicules utilitaires, leur absence est palpable dans de nombreux secteurs. Les services de voirie n'arrivent plus à assurer un service de qualité en raison du manque de camions de différentes tailles. Les semi-remorques, fourgons et autres engins lourds impactent directement sur le développement des chantiers, de la livraison et de l'acheminement de marchandises. Quant aux engins agricoles, leurs prix en occasion ont triplé, car le neuf se fait rare. En s'adressant directement au président de la République, les concessionnaires espèrent être entendus et voir leurs revendications prises en considération et avoir un retour positif avant la fin de l'année. Mentionnant par ailleurs que le président de la République lui-même avait annoncé que le dossier serait réglé avant la fin du premier semestre, alors que ces ministères jouent avec l'avenir de l'économie nationale. Advertisements