Les spéculations liées au blé subventionné, transformé en aliment de bétail par les minoteries de la wilaya d'Annaba pour le revendre plus cher aux éleveurs, persistent toujours au nez et à la barbe des services de sécurité. En effet, selon le président de l'Association professionnelle pour l'orientation et la protection des fellahs (APOPF), le trafic dans ce produit subventionné n'a jamais cessé. Selon les chiffres de la Direction des services agricoles (DSA), la wilaya d'Annaba compte trois coopératives et quelque 1600 fellahs éleveurs bovins, ovins et caprins. Les besoins de chacune des coopératives sont estimés à quelque 1800 quintaux/mois à raison de 2140 DA/quintal hormis les quantités acquises, au minimum, à raison de 2800 DA/quintal sur le marché parallèle. Où est passée la différence ? «Ecoulée sur le marché parallèle», répondent les éleveurs d'Annaba. Avancés par Nadir Ahcen Djaballah, le président de l'APOPF, ces chiffres renseignent on ne peut mieux sur l'ampleur du trafic qui a toujours existé, en dépit des efforts de l'Etat pour le juguler. «Nous exigeons l'ouverture d'une enquête pour situer les responsabilités dans ce trafic qui ne cesse de prendre de la dimension», s'insurge le président de l'APOPF. En mai dernier, les fellahs éleveurs se sont manifestés devant la minoterie AGB Yagout pour dénoncer le trafic de ce produit alimentaire pour leur bétail. Tous s'accordent à dire que «à l'instar des autres, les nouveaux propriétaires de la minoterie AGB Yagout, acquise récemment auprès d'une famille d'un haut officier militaire, nous livrent avec parcimonie les quotas en aliment de bétail, malgré une convention validée par la DSA. Le plus gros est cédé aux fellahs sinon des revendeurs des autres wilayas avec des prix supérieurs à ceux plafonnés. Le comble, ils ne seront jamais inquiétés, à leur retour, par les services de sécurité», dénoncent les victimes de cette situation. En colère, Nadir Ahcen Djaballah, lui, s'en remet au ministre de l'Agriculture en l'interpellant qu'«ils satisfassent au moins les besoins des éleveurs locaux ? Pour le reste, ils sont libres de le céder à qu'ils veulent. A défaut, le ministre doit nous associer à ses actions locales pour sévir et annuler immédiatement les subventions du blé destiné à la transformation». A cela, il faut ajouter le problème permanent de la TVA qui persiste toujours lors des transactions entre éleveurs et fournisseurs. Au début de l'année en cours, Abdelhamid Hemdani, ministre de l'Agriculture et du Développement rural, avait annoncé qu'un nouveau système qui mettra fin à ces spéculations est en cours d'élaboration par ses équipes pour que les éleveurs soient approvisionnés en son de blé sans aucun problème. Sa solution était que «l'aliment de bétail issu du blé tendre ou dur sera directement distribué aux éleveurs à travers les coopératives des éleveurs et l'Office national des aliments de bétails (ONAB)». Neuf mois après, la situation est la même, sinon pire si l'on se fie aux nombreuses actions de colère dont celle d'Annaba devant la minoterie AGB Yagout. Rappelons que plusieurs cadres de l'OAIC et CCLS sont actuellement en prison pour trafic sur les quantités du blé cédées aux minoteries. Le 10 juillet 2019, le ministère de l'Industrie avait procédé à la fermeture de 45 minoteries dans le cadre de la réorganisation et l'assainissement de la filière céréale. Elles sont implantées à Blida, Béjaia, Oran, Ain Temouchent, Relizane et Tlemcen. Mesures prises : des poursuites judiciaires engagées à leur encontre pour fausses déclarations sur les capacités de production. «Les minoteries d'Annaba sujettes à ce trafic suivront», espèrent les éleveurs locaux victimes de cette situation. A suivre... Advertisements