Le dysfonctionnement dans la distribution de l'orge et le laxisme des pouvoirs publics ont fait le lit d'un marché noir juteux et sans impôts. Les éleveurs d'ovins et de bovins de la wilaya de Laghouat, région agropastorale du sud du pays, craignent pour l'avenir de leur richesse animale estimée à 2 002 000 têtes dont 2 000 000 ovines, concentrées principalement dans les régions du sud de la wilaya (Hassi R'mel, Hassi Dellâa, Aïn Madhi, Bouzbeir...), et 2 000 vaches laitières dans les régions du nord (Aflou, Sidi Bouzid, Gueltet Sidi Sâad..). À les entendre, la tension sur l'aliment pour le cheptel ne peut être expliquée que par un trafic de ce produit de base, intense et à ciel ouvert, qui a atteint son apogée dans la wilaya de Laghouat. En effet, selon plusieurs "vrais éleveurs" de Laghouat, des maquignons et de faux éleveurs détenant de fausses cartes, ou ne possédant pas de cheptel, s'adonnent à de vastes spéculations sur l'orge, privant ainsi des centaines d'éleveurs de nourrir leurs bêtes. Est-il normal qu'une énorme quantité d'orge estimée à 10 000 q/jour, soit distribuée par la coopérative de céréales et des légumes secs (CCLS) à travers ses points de vente, alors que la crise persiste dans le milieu des éleveurs ? Le dysfonctionnement dans la distribution de l'orge et le laxisme des pouvoirs publics ont fait le lit d'un marché noir juteux et sans impôts. Un créneau qui semble faire de nouveaux riches dans ces régions du sud du pays. "De nombreux faux éleveurs, en possession de cartes falsifiées et bénéficiant de complicités, se procurent l'orge à la coopérative de céréales et des légumes secs (CCLS) à raison de 1 550 dinars le quintal et le cèdent au marché noir à 3 000 DA. Même les produits déclassés (déchets et poussières de blé récupérables) ne sont pas épargnés par ces hors-la-loi", témoigne un éleveur de Hassi R'mel, avant de prédire l'amplification du trafic de l'orge dans la région si rien ne vient changer les règles de distribution au niveau de la CCLS. La survie de l'élevage ovin et bovin étant un enjeu stratégique, il y va de notre indépendance alimentaire en matière de viandes rouges, de laine ainsi que de l'industrie du cuir. En effet, lorsque les éleveurs auront disparu, il sera trop tard ensuite pour relancer la filière. Cette situation guère reluisante n'a pas laissé indifférents les gestionnaires de ce secteur ô combien sensible. En effet, la direction des services agricoles (DSA) avec le concours du président de la Chambre d'agriculture et le secrétaire général de l'Union des fellahs de Laghouat ont organisé, le 15 du mois en cours, à Legouattine (Laghouat), une réunion de travail avec les présidents des 11 coopératives agricoles existantes et le représentant de la CCLS. Pour mettre un terme à cette situation de trafic d'orge, les éleveurs exigent dans l'immédiat une commission d'enquête et un recensement sérieux de l'effectif du cheptel ovin et bovin de toute la wilaya, et souhaitent que la Chambre d'agriculture, les services vétérinaires de la direction de l'agriculture, la Fédération des éleveurs ovins et bovins ainsi que les élus locaux procèdent à l'assainissement et l'actualisation des listes de tous les éleveurs d'ovins, de bovins et de chevaux de la région, et à la vérification de la carte d'éleveur, la fiche signalétique, ainsi que l'attestation vétérinaire de vaccination. B. A Nom Adresse email