L'organisation américaine de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch, a exhorté la Grande-Bretagne à ne pas expulser vers l'Algérie des nationaux soupçonnés d'activités terroristes ou d'appartenance à des groupes extrémistes tels que le GSPC et les GIA. Human Rights Watch estime, dans un rapport publié jeudi dernier, qu'une fois expulsés vers leurs pays d'origine, ces individus pourraient faire l'objet de mauvais traitements, y compris subir la torture. Un porte-parole du gouvernement britannique a réagi au rapport en déclarant que le Foreign Office (ministère des Affaires étrangères) ne procédera pas à ces expulsions sans avoir reçu « des assurances à un haut niveau » que les individus en question ne seraient pas torturés ou condamnés à mort. « Evidemment, nous avons des obligations internationales à remplir en matière de droits de l'homme. Par conséquent, nous sommes tenus de demander des assurances qui soient en conformité avec ces obligations », a expliqué le porte-parole du gouvernement britannique, avant d'ajouter : « Aucune personne ne sera expulsée si de telles assurances ne sont pas obtenues. » Il a en outre rejeté l'idée que toute assurance ne vaut pas le papier sur lequel elle est écrite. « Si ces assurances proviennent d'un niveau assez élevé et qu'elles satisfassent aussi bien le gouvernement que les tribunaux britanniques indépendants, alors elles seraient prises au sérieux. » Dans son rapport de 91 pages, Human Rights Watch appelle le gouvernement du Premier ministre Tony Blair à « arrêter immédiatement » toute négociation avec le gouvernement algérien sur les mesures d'expulsion des huit Algériens soupçonnés d'être impliqués dans des activités terroristes, qui ont été libérés il y a quelques semaines de la prison de Belmarsh, banlieue londonienne, mais soumis depuis à un strict régime de contrôle : assignation à résidence surveillée et port de bracelets électroniques. Le journal dominical The Sunday Times avait indiqué récemment que la ministre d'Etat au ministère de l'Intérieur, Baroness Symons, avait discuté, lors de sa visite à Alger en début d'année, l'élaboration d'un traité qui comprend la possibilité d'expulser ces suspects vers leur pays où ils sont recherchés. L'hebdomadaire avait indiqué qu'« il est possible que l'accord soit signé lors de la visite que doit effectuer en Grande-Bretagne le président Abdelaziz Bouteflika qui doit assister au sommet du G8 », qui aura lieu en Ecosse. C'était la première fois que l'on reconnaissait, à Londres, que l'Algérie et la Grande-Bretagne étaient sur le point de signer un accord d'extradition et de coopération dans le domaine de la sécurité et de la lutte internationale contre le terrorisme. Le Sunday Times avait révélé que lors de la visite effectuée dernièrement par une délégation de la commission des affaires étrangères de la Chambre des communes (Parlement), cette dernière a reçu des assurances que les expulsés ne seront pas maltraités. « Les Algériens ont déclaré qu'ils s'étaient plaint des années durant du fait que la Grande-Bretagne a offert un sanctuaire aux terroristes », a ainsi indiqué un des membres de la délégation parlementaire. « Ils nous ont dit que la peine de mort n'a pas été appliquée depuis 1994 », a-t-il ajouté.