Elle conseille à Me Ksentini de convaincre le gouvernement de mettre en œuvre ses recommandations. La plus importante des organisations non gouvernementales de défense des droits humains, Human Rights Watch, a rendu public, le 9 décembre dernier, son rapport sur les “disparitions” en Algérie. Un rapport, qui complète celui de février 2003 et qui se réfère cette-fois, notamment au décret présidentiel 03-299 du 11 septembre 2003 et à la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), présidée par Me Farouk Ksentini. “Il est regrettable que le président du nouvel organisme sur les “disparus” ait adopté une position favorable à l'impunité, en contradiction avec le droit international. Les “disparitions” à grande échelle et systématiques, telles que celles opérées en Algérie, au cours des dix dernières années, constituent des crimes contre l'humanité.” Tel est le constat accablant de l'ONG sur la commission Ksentini, une organisation qui continue à enfoncer les “forces de l'ordre algériennes” et “leurs complices civils organisés en “groupes d'autodéfense””. Et à les accuser d'être derrière la disparition de plus de 7 000 personnes entre 1992 et 1998, sans se préoccuper outre mesure des victimes du terrorisme et de leurs familles. Human Rights Watch a, en outre, relevé d'autres cas de disparitions après 1998, reprochant à l'Etat de n'avoir pas “encore mis en place les garanties nécessaires” qui mettraient, selon elle, un terme aux “peurs” et à “ces pratiques”. Elle a, par ailleurs, noté un “harcèlement des proches des “disparus””, de même que des “pressions” exercées sur ces familles “pour qu'elles abandonnent les poursuites judiciaires contre les forces de l'ordre”. L'ONG doute ainsi des intentions du président de la Cncppdh, également président du comité ad hoc sur les disparus, quant à la recherche de la vérité, en relevant des contradictions dans les déclarations de ce dernier sur la question des disparitions. Elle déplore que le comité ad hoc ne comprenne “ni membres des mouvements des familles des “disparus”, ni avocats les ayant représentés” et qu'il se réunisse à huis clos. Dans le chapitre consacré aux “entraves” au fonctionnement du groupe de travail de l'ONU et des organisations non gouvernementales, le document note : “Ces dix dernières années, Human Rights Watch a eu le droit de se rendre sur le territoire algérien pour faire ses recherches uniquement de façon sporadique.” Et d'enfoncer davantage le clou : “Les autorités algériennes n'ont eu aucune réaction publique au rapport publié par Human Rights Watch (…). De même, aucun commentaire officiel quel qu'il soit n'avait été fait après la sortie en février 1998 du rapport sur les “disparitions” rédigé par Human Rights Watch.” Cependant, l'organisation non gouvernementale se félicite du discours du président Bouteflika du 20 septembre dernier, qui “recommande avec insistance que l'Etat assume sa responsabilité” dans le dossier des disparus et réitère son avis sur les limites de la mission du comité ad hoc. Human Rights Watch demande à ce comité de convaincre le gouvernement algérien pour la mise en œuvre de ses recommandations. H. A.