Mettant l'accent sur “l'hypocrisie” dans le discours des Etats-Unis sur la question des droits de l'Homme, l'organisation non gouvernementale accable l'Administration Bush en dénonçant ouvertement sa politique en la matière. Dans ce document de 500 pages faisant le point de la situation sur les droits de l'Homme dans 68 pays, Human Rights Watch estime que Washington a perdu sa crédibilité en la matière à cause du “recours à la torture et la défense (de celle-ci) par le gouvernement américain”. Le rapport met le doigt dans son introduction sur l'hypocrisie du discours des Américains sur le sujet. “Mettez en pratique ce que je prône, pas ce que je fais”, serait, d'après l'organisation dont le siège est à New York, le message des Etats-Unis. “Au cours de l'année 2005, il est devenu incontestable que les mauvais traitements infligés par les Etats-Unis à des prisonniers n'étaient pas le fait de quelques mauvais éléments en bas de l'échelle hiérarchique”, lit-on dans la partie réservée aux pratiques américaines dans les différents centres de détention de l'armée américaine. Selon le directeur de Human Rights Watch, Kenneth Roth, “le refus du président George W. Bush de signer une loi contre les traitements inhumains et dégradants, le lobbying du vice-président Dick Cheney pour exclure l'application d'une telle loi la CIA” constituent les meilleures preuves que le mauvais traitement des prisonniers est érigé en système aux Etats-Unis. “Avoir recours à des méthodes illégales contre des terroristes présumés est, à la fois, erroné et contre-productif”, estime le premier responsable de l'organisation. Il y a lieu de relever qu'en matière de détention, les Etats-Unis ont continué de priver de liberté des centaines de suspects sans jugement, note aussi l'organisation. D'autres pays alliés de Washington disposaient, selon HRW, de législation leur permettant de détenir plus facilement sans jugement, à l'image de la Grande-Bretagne, de l'Australie et du Canada. L'Union européenne est aussi désignée du doigt pour n'avoir pas comblé le vide, estime encore HRW qui attribue ce manque à la règle de l'unanimité des 25 à un processus de décision “opaque”. L'UE a montré qu'elle privilégiait encore commerce et diplomatie discrète au Moyen-Orient et en Afrique du Nord, d'après l'ONG. Il est reproché à Bruxelles d'agir sur la question des droits de l'Homme en fonction de l'étroitesse des liens avec les pays concernés. Sur les dossiers des disparitions de terroristes présumés entre les mains des Etats-Unis, qui les remettraient à des pays tiers, l'Europe n'a pas véritablement exprimé son inquiétude, sauf lorsque le scandale a éclaté autour de l'éventuelle existence de centres de détention américains secrets en Pologne et en Roumanie. La défense des droits de l'Homme de l'UE a été inégale selon qu'il s'est agi du Zimbabwe de Robert Mugabe, embargo sur les armes, gel des avoirs de la Côte-d'Ivoire, du Darfour ou de l'Angola, de l'Ethiopie et du Rwanda. La Russie et la Chine n'ont pas échappé au réquisitoire de HRW, qui note que ces deux pays ne font rien d'utile pour les droits de l'Homme. K. ABDELKAMEL