Le président Abdelmadjid Tebboune a encore une fois réaffirmé la volonté de l'Algérie de ne pas recourir à l'endettement extérieur. Cette question, telle une antienne dans les propos des autorités, déjà à la fin du troisième mandat de Bouteflika, quand le pays a commencé à renouer avec les politiques d'austérité, cache mal les difficultés à venir du pays. Mais si on en parle tant, c'est qu'il y aurait un fort risque a priori, une menace. Ce questionnement ininterrompu sur les possibilités de l'Algérie de retourner au FMI pour solliciter un prêt, comme dans les années 1990, contre un certain nombre de conditionnalités qui, de triste mémoire, ont amené le pays à consentir beaucoup de concessions douloureuses sur le plan social notamment, évoque certes de mauvais souvenirs. Et c'est vraisemblablement pour cette raison que le chef de l'Etat a tenu à se montrer catégorique, dans une espèce d'un sursaut d'orgueil, pour mieux rejeter (définitivement ?) cette option. «L'endettement extérieur est un suicide politique pour le pays», s'est-il indigné. Sauf qu'on doit à la vérité de dire que la plupart des gouvernements qui ont recours au Fonds monétaire international (FMI), dans une situation de crise, pour lever des fonds, ne le font généralement pas de gaieté de cœur. C'est assez souvent contraints et forcés que ces pays y ont recours. Autrement dit, c'est quand ils n'ont plus le choix... L'Algérie l'a d'ailleurs appris à ses dépens, alors qu'elle était en quasi-cessation de paiement. Il est connu par ailleurs que les bailleurs de fonds ne prêtent de l'argent que s'ils sont assurés de pouvoir le récupérer. Et c'est justement à ce titre que le FMI, par exemple, intervient sur certaines questions sensibles des pays débiteurs pour les amener à consentir des réformes le plus souvent impopulaires afin de présenter de meilleures garanties au créancier. Est-ce pour cette raison que Abdelmadjid Tebboune ne veut pas entendre parler du FMI ou de l'endettement extérieur ? Soit. Mais qu'est-ce qu'il y a lieu de faire pour éviter justement de tomber dans la nasse ? Et c'est peut-être en cela que la réponse de Tebboune sur le sujet paraît incomplète, a priori. Garder les yeux rivés sur le marché pétrolier, pour conjurer la mauvaise surprise comme au milieu des années 1980 quand le pays a assisté sans pouvoir réagir à l'effondrement des prix du pétrole et donc de ses revenus, ne peut constituer un rempart contre le risque d'une déroute. Les difficultés économiques du pays sont d'autant plus vives que des questions névralgiques comme celle de boucler le budget sans cumuler les déficits, ou d'être obligé de réduire la facture des importations pour mieux justifier un équilibre précaire, et du reste sans lendemain, de la balance commerciale ne peuvent être la seule réponse idoine à la crise financière que traverse le pays. Les défis que vient de nommer le FMI au sujet de la faible croissance économique du pays, le désinvestissement généralisé, y compris dans le secteur des hydrocarbures dont on attend sinon tout du moins beaucoup, sont réels. Exagérés qu'ils sont, évidemment, par la crise sanitaire dont on n'a pas encore mesuré toutes les conséquences. Mais au-delà de l'endettement extérieur, la loi de finances pour 2022 livrera sans doute quelques réponses que réserve l'Algérie aux recommandations du FMI sur la planche à billets, la collecte fiscale, les déficits budgétaires et les faibles niveaux de croissance économique pressentis pour les toutes prochaines années. Advertisements