Le Premier ministre a renouvelé le choix du gouvernement de ne pas recourir à l'emprunt extérieur, estimant que cette démarche relève d'une question de protection de la souveraineté de l'Algérie sur sa décision. Malgré la dégradation de la situation financière du pays et la baisse du financement budgétaire faute de ressources, le gouvernement a réitéré, à nouveau, son refus de recourir à l'endettement extérieur pour financer l'économie. Le Premier ministre, Abdelaziz Djerad, a indiqué, hier, que son gouvernement a fait le choix d'éviter de recourir au Fonds monétaire international (FMI), en dépit des répercussions de la pandémie sur l'économie et, par conséquent, sur les équilibres sociaux, rapporte l'agence APS. S'exprimant en marge d'une cérémonie commémorative du 65e anniversaire de la Journée nationale de l'étudiant, le Premier ministre a ainsi renouvelé le choix de l'Exécutif de ne pas recourir à l'emprunt extérieur, estimant que cette démarche relève d'une question de protection de la souveraineté de l'Algérie sur sa décision. L'option d'écarter l'endettement extérieur de sa boîte à outils n'est pas une nouveauté chez le gouvernement. Le chef de l'Etat, Abdelmadjid Tebboune, avait lui-même déclaré dans une interview télévisée qu'il "n'y aura pas de recours à l'endettement extérieur". "Nous n'irons, ni au Fonds monétaire international (FMI), ni à la Banque mondiale (BM), car l'endettement porte atteinte la souveraineté nationale", avait-il affirmé. Or, le rapport de présentation de la loi de finances complémentaire pour 2021 lève le voile sur une hausse de la dette publique externe à l'issue du précédent exercice. Celle-ci est passée, en effet, de 1,121 milliard de dollars à fin décembre 2019 à 1,202 milliard de dollars à fin décembre 2020, soit une augmentation de 7,25%. Nonobstant la situation budgétaire fébrile que traverse le pays, matérialisée dans l'avant-projet de LFC 2021 par une hausse des déficits dans un contexte de reprise des cours de brut, le gouvernement ne souffle, cependant, mot sur son approche en matière de financement des déficits de l'actuel exercice, encore moins sur ses solutions pour faire repartir la croissance. L'avant-projet de loi de finances complémentaire pour 2021 pointe en tout cas des défaillances dans la réponse de l'Exécutif à la crise économique post-pandémique, faisant la part belle aux dépenses de fonctionnement au détriment de mesures claires de nature à favoriser le retour rapide de la croissance à travers des facilitations à l'investissement et des soutiens au bénéfice des entreprises. Malgré le ton optimiste qui marque les discours officiels, il est désormais difficile de parier sur un financement du déficit et de l'économie par le seul levier bancaire, sans le recours à la planche à billets, laquelle avait servi, jusqu'ici, à financer trois exercices budgétaires (2018-2020). Quant au déficit de la balance des paiements, le différentiel dans les projections de la LFC 2020 et celles de l'avant-projet de LFC 2021 est pour le moins important, passant d'un solde négatif de -18 milliards de dollars à -3,6 milliards de dollars sans qu'aucune évolution notable ne soit constatée dans les échanges extérieurs. Le déficit de la balance des paiements continuera en tout cas de consumer les réserves de change, en l'absence d'efforts d'ajustement budgétaire pouvant contribuer à rétablir la viabilité des comptes extérieurs. Un endettement extérieur ciblé et bien géré, à des conditions non-contraignantes, aurait pu aider à préserver le peu qu'il reste du stock en devises ; lequel chutant d'un plus haut de près de 194 milliards de dollars à la mi-2014 à 42 milliards de dollars à fin 2020.