Comment l'humanitaire peut participer au développement des pays pauvres ? C'est à cette question que de nombreuses organisations humanitaires onusiennes comme l'Unicef, l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Fonds global pour la lutte contre le sida et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) ont tenté de répondre lors d'un colloque international organisé à Dubaï jeudi dernier. Plusieurs questions médicales ont été abordées. On peut citer le problème du sida qui affecte 42 millions de personnes dans le monde, la malaria et la tuberculose qui tuent chacune séparément chaque année 2 millions de personnes et la maladie du sommeil qui cause la mort de 600 000 personnes par an. Selon le docteur Karim Laouabdia, directeur de la campagne pour l'accès aux médicaments essentiels au sein de MSF, 90% des gens qui meurent de la malaria vivent dans des pays africains. « Cette maladie tue un enfant toutes les 30 secondes, précise-t-il. L'avenir est encore plus sombre pour les pays d'Afrique du fait que nous ne sommes pas arrivés à contrôler définitivement ce virus. » Selon le même interlocuteur, plusieurs facteurs ont contribué à l'exacerbation de cette maladie. D'abord, l'inexistence de molécules efficaces capables de lutter contre le virus, ensuite l'indifférence de la communauté internationale, notamment les industries pharmaceutiques occidentales qui préfèrent fabriquer des médicaments rentables, donc destinés aux populations riches et enfin la pauvreté que vivent les peuples d'Afrique. Allant dans le même sens, Hoda Atta, représentante de l'OMS dans le monde arabe, a estimé que « le seul moyen pour combattre cette maladie est que toutes les organisations médicales et humanitaires mondiales unissent leurs efforts et coordonnent ensemble leurs programmes sur le terrain ». A condition, enchaîne-t-elle que « les entreprises pharmaceutiques acceptent de mettre la main à la pâte, en optant sérieusement pour la recherche de nouveaux médicaments capables, de juguler cette situation ». Selon cette représentante, la situation dans le monde arabe n'est pas catastrophique en comparaison avec l'Afrique et certains pays d'Asie. « Mais il faut rester vigilant, prévient-elle, car le virus peut faire rapidement sa réapparition comme en Irak par exemple lors de la première guerre du Golfe. Il faut vraiment que les gouvernements s'impliquent et débloquent des fonds pour continuer, d'une part, à assurer la prévention, mais aussi à stimuler la recherche, d'autre part. » Le colloque a évoqué également la problématique du sida qui tue chaque année six millions de personnes. « Un désastre qui risque d'emporter toute l'Afrique si rien n'est fait tout de suite », pense Kingsley Moghalu, directeur du Fonds global pour la lutte contre la malaria, la tuberculose et le sida. « Il faut que les prix de la trithérapie baissent sensiblement pour permettre des soins à grande échelle en Afrique ». Et d'ajouter : « L'unique solution est de produire en grande quantité des médicaments génériques, ce qui entraînerait une baisse des prix et permettrait de facto de soigner plus de malades. » Une solution que partage totalement le docteur Karim Laouabdia « à condition que l'Organisation mondiale du commerce desserre l'étau qui étrangle les économies de certains pays émergents comme l'Inde et le Brésil, seuls capables aujourd'hui de produire des génériques ».