La conférence des missions diplomatiques et consulaires qui vient de se tenir à Alger a permis d'ouvrir un débat permettant au département des Affaires étrangères de remettre les pendules à l'heure de la diplomatie économique. Le ministère des Affaires étrangères compte fusionner les efforts de ses ambassades avec ceux des milieux économiques concernés par la promotion des exportations. Le potentiel à l'export étant énorme, la Chambre de commerce et d'industrie et l'Agence de promotion du commerce extérieur auront un rôle-clé à jouer dans la perspective de la création de «points d'appui à l'exportation» au sein des ambassades. Théoriquement, ce recentrage sur la diplomatie économique peut être un important pas vers une meilleure cohérence de la politique extérieure en lui donnant un contenu plus concret. Les représentations algériennes à l'étranger doivent faire davantage dans la défense des intérêts de l'économie algérienne. Jusque-là, non que les ambassades refusent de faire de la diplomatie économique, mais parce qu'elles manquent de ressources humaines ayant une formation pointue en la matière. Certains pays ont des ambassades qui comptent jusqu'à une quinzaine de spécialistes affectés à la seule mission de promouvoir les exportations de leur pays. Au moment où le rendement est un critère difficilement appréciable dans l'exercice de la politique étrangère, les représentations diplomatiques hériteront le concret mandat d'aider les opérateurs à vendre les produits algériens à l'étranger. L'accent sera aussi mis sur le conseil. Un volet qui va se joindre à la nouvelle mission des représentations diplomatiques appelées à conseiller de manière ciblée les entreprises exportatrices. L'autre priorité de la politique extérieure réside dans l'attraction des investisseurs potentiels. Jusque-là tout va bien. Mais les choses sérieuses vont commencer quand arrivera l'heure de l'efficacité. Pour gagner en efficience, la Direction de la promotion et du soutien aux échanges économiques du ministère des Affaires étrangères doit être gérée comme une entreprise avec un esprit entrepreneurial. Pour qu'elles soient performantes, les structures diplomatiques doivent attirer les talents qui doivent par la suite être évalués sur la base de leurs performances. Cela vaut aussi pour les fonctionnaires du réseau des chargés des affaires économiques et commerciales des ambassades qui doivent absolument être sélectionnés sur la base de la seule compétence et révocables en cas d'inefficacité avérée. Leur mission sera d'aider les 1125 exportateurs qui activent difficilement sur le «front» extérieur. Cette notion d'efficacité n'échappe pas au débat de fond sur la nécessité d'une réforme profonde de l'administration algérienne. Ce n'est qu'à partir du moment où l'Algérie réformera ses administrations tant extérieure qu'intérieure que les autres mesures techniques seront efficaces. Cela suppose aussi une formation adéquate des diplomates sur des questions économiques qui sont de plus en plus pointues, surtout que la politique économique extérieure devra réagir aux tendances protectionnistes et aux enjeux géopolitiques présents et à venir. Cela nécessite évidemment de nouvelles pistes de réflexion pour permettre de garantir des conditions-cadres optimales aux branches exportatrices.