Le président tunisien, Kaïs Saïed, ne se limitera pas à avancer du 14 janvier au 17 décembre la Fête de la révolution. Toute l'opinion publique ainsi que les observateurs locaux et internationaux s'attendent à d'importantes décisions à cette occasion, concernant l'avenir constitutionnel et politique de la Tunisie. Les échos de la dernière réunion du président Saïed avec des spécialistes de droit constitutionnel et administratif, les doyens Sadok Belaïd et Mohamed Salah Ben Aïssa, ainsi que l'universitaire constitutionnaliste, Amine Mahfoudh, vont dans ce sens. L'universitaire constitutionnaliste Amine Mahfoudh a publié sur sa page Facebook les impressions dégagées de sa rencontre avec le président Saïed jeudi 9 décembre. Le Pr Mahfoudh était accompagné par les doyens Sadok Belaïd et Mohamed Salah Ben Aïssa. C'était leur 3e rencontre avec le président Saïed à propos de la problématique des réformes préconisées à la structure du régime politique tunisien. Saïed aurait annoncé, au cours de cette rencontre et pour la première fois, de façon claire et sans équivoque, sa disposition à suspendre la Constitution de 2014, et son intention d'organiser une consultation du peuple, sans passer par le mécanisme des élections, où certains sont passés experts en la manipulation des esprits et des résultats des élections, ce qui laisse comprendre que le Président compte organiser un référendum à travers une plateforme électronique ! Le président tunisien, Kaïs Saïed, aurait assuré qu'il n'était plus possible de poursuivre la vie politique en se basant sur la Constitution de 2014, concoctée sur mesure, pour empêcher l'Etat de fonctionner convenablement et le peuple d'exprimer sa volonté, selon le Pr Mahfoudh. Le président Saïed a également rencontré les hauts magistrats du pays, premiers présidents des Cours de cassation, du Tribunal administratif et de la Cour des comptes, membres d'office du Conseil supérieur de la magistrature, pour leur signifier son indignation de voir les contentieux électoraux traîner des années devant la justice, alors qu'ils sont censés contrôler le processus électoral. «La phase d'appel concernant les élections de 2014 est encore à l'examen», remarque le président Saïed, en insistant sur son indignation de voir pareils écarts entachant le processus électoral, notamment lorsqu'il s'agit de financements étrangers. Réformes Le gouvernement de Najla Bouden est, lui-aussi, en train de préparer les assises de ses négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), vu la situation difficile traversée par la Tunisie. A ce titre, une réunion avec la centrale syndicale UGTT s'est tenue avant-hier. Le porte-parole de l'UGTT, Sami Tahri, a précisé que la réunion a porté sur la masse salariale et le système de compensation des produits de base mais aussi sur la réforme des établissements publics, l'énergie, l'économie verte et les énergies renouvelables. «Il s'agit de problèmes clés à la base des problèmes économiques et financiers de la Tunisie», a souligné Tahri en précisant que le gouvernement a soumis à la centrale syndicale une panoplie de propositions qui seront examinées au sein de ses structures. Pour ce qui est de la réaction internationale, les chefs de missions diplomatiques des grandes démocraties, dont celui de l'UE, ont rendu public un communiqué conjoint, vendredi 10 décembre 2021, à propos de la situation politique, économique et sociale en Tunisie, réaffirmant leur soutien à la Tunisie, tout en émettant des recommandations concernant, «le respect des libertés fondamentales de l'ensemble des Tunisiens à travers un processus politique inclusif et transparent, impliquant une large participation des forces politiques et sociales du pays, suivant un calendrier précis, pour permettre le retour rapide au fonctionnement des institutions démocratique, avec un Parlement élu jouant un rôle significatif». L'Occident insiste sur un calendrier et ne conteste nullement ce qu'a fait le président Saïed le 25 juillet. La Tunisie attend. Tunis De notre correspondant Mourad Sellami Advertisements