Le conglomérat d'organisation a déjà fait ses preuves en matière de médiation politique. Et c'est tout naturellement que ces organisations réactivent leur initiative devant l'impasse politique née du remaniement de l'exécutif Mechichi, rejeté en partie par le président Kaïs Saïed. Quatre organisations composant le quartet parrain du dialogue national ont convenu de réactiver leur initiative avec pour objectif de sortir de la crise actuelle provoquée par le dernier remaniement du gouvernement Mechichi et par le refus par le président Kaïs Saïed de recevoir le serment constitutionnel des nouveaux ministres, au motif que certains sont l'objet de soupçons de corruption. Ce quartet est composé de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), de l'Ordre national des avocats de Tunisie (Onat), de la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat. Les représentants des quatre organisations se réuniront bientôt pour examiner la situation générale dans le pays et identifier les actions qui seront engagées, et une vision au sujet du processus politique, économique et social sera présentée, selon une déclaration faite vendredi par Brahim Bouderbala, bâtonnier des avocats, ont rapporté les médias tunisiens. Selon ce dernier, la priorité sera accordée à la crise entre les trois présidents (présidence, gouvernement et Parlement), provoquée par le dernier remaniement. Aussi, le quartet va présenter sa vision au sujet du processus politique, économique et social, a-t-il affirmé, en assurant qu'il se tiendra à égale distance de tous les partis politiques. Pour autant, le bâtonnier des avocats a affirmé en outre avoir rencontré des représentants de partis politiques pour identifier les moyens à même de réactiver l'initiative du dialogue. Pour rappel, le quartet parrain du dialogue national a vu le jour en 2013, dans un contexte difficile en raison d'assassinats politiques, dont celui du député de l'opposition Mohamed Brahmi, le 25 juillet, qui avaient entraîné de vastes troubles sociaux dans le pays. Le dialogue politique engagé avait abouti à la formation d'un gouvernement apolitique. Le Quartet s'est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2015, pour sa contribution à la résolution de la crise, ainsi que l'organisation des élections présidentielle et législatives en 2014. La réactivation du quartet de dialogue intervient dans un contexte de blocage politique qui perdure en dépit de la décision du chef du gouvernement de procéder au remaniement restreint qui a touché cinq ministres. Le président tunisien refuse de procéder à la prestation de serment du nouveau gouvernement au motif que le remaniement n'a pas respecté la Constitution, et qu'il n'a pas été discuté dans un conseil ministériel conformément à l'article 92 de la Constitution. Aussi, selon lui, ce remaniement a été fait sur la base d'un compromis politique. Dans ce contexte, le président de l'ARP (Parlement), Rached Ghannouchi, a décidé d'envoyer une correspondance au président de la République, Kaïs Saïed, l'invitant à une réunion tripartite avec le chef du gouvernement. Sur le plan social, les syndicats affiliés à la compagnie Tunisair ont suspendu la grève ouverte suite à l'accord de tenir une réunion au siège du gouvernement entre les parties gouvernementales et syndicales pour examiner le statut du transporteur national. Le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, et le secrétaire général de l'UGTT, Noureddine Taboubi, superviseront cette réunion suite à laquelle les syndicats de Tunisair prendront leur décision de reprendre la grève ouverte ou de l'annuler.