L'Opep semble décidée à éviter un emballement des prix durant l'hiver prochain. Son président en exercice, le ministre koweitien du Pétrole, multiplie les déclarations en direction du marché malgré le recul des prix constaté depuis le 5 avril. Hier encore, cheikh Ahmad Fahd Al Sabah a annoncé que l'organisation allait augmenter sa production de 500 000 b/j au mois de mai pour se préparer à répondre à la demande qui va croître au troisième trimestre. « En mai, il y aura une augmentation de la production », a indiqué le président de l'Opep en s'adressant à des journalistes dans la ville de Koweit-City. Cette augmentation serait motivée par une croissance de la demande au troisième trimestre à la veille de l'hiver, période durant laquelle la consommation connaît une nette hausse par rapport aux autres périodes. Pour le ministre koweitien, tous les pays membres vont augmenter leur production en mai et la hausse réelle serait de 500 000 b/j. Lors de la dernière réunion de l'organisation tenue à Ispahan le 16 mars dernier, une augmentation de 500 000 b/j à mettre en œuvre immédiatement avait été décidée, portant ainsi le plafond officiel de production à 27,5 millions de barils par jour (mbj). De plus, la conférence avait mandaté le président de décider d'une deuxième augmentation en concertation avec les membres sans se réunir et si les prix poursuivent leur hausse. En réalité, la décision prise à Ispahan n'avait fait qu'officialiser la production réelle qui était sur le marché. Et depuis, les pays de l'Opep ont poursuivi leurs efforts pour mettre plus de pétrole brut sur le marché afin d'aider à la reconstitution des stocks en prévision d'un risque de pénurie au quatrième trimestre, période de très forte demande. Selon des sources industrielles, les 10 pays de l'Opep (l'Irak n'étant pas concerné par les quotas) ont produit en moyenne près de 28 mbj durant le mois de mars. Selon le rapport mensuel du marché produit par le secrétariat général de l'Opep, les 10 pays membres (Irak non compris) ont produit 27 696 000 b/j durant le mois de février. Avec l'Irak (1,865 mbj), leur production dépasse les 29,5 mbj. Le dernier rapport mensuel de l'Opep a indiqué que la production réelle des 11 pays a atteint 29,75 mbj au mois de mars, soit 300 000 b/j de plus qu'au mois de février. Si l'on excepte l'Irak, les 10 produisent déjà les 28 mbj et la décision d'augmenter ne fera qu'officialiser la production réelle. Cette augmentation, qui devrait être ensuite officialisée lors de la réunion du mois de juin, est conçue pour faire préparer les stocks à répondre à une très forte demande. Plusieurs observateurs avaient prédit une pénurie en fin d'année vu les statistiques en présence. Et l'Opep semble se préparer à prévenir une pénurie de brut durant l'hiver prochain. Samedi dernier, et en marge de la conférence sur la passation des marchés dans le secteur de l'énergie, Chakib Khelil, ministre de l'Energie et des Mines, avait indiqué : « L'approvisionnement du marché pétrolier international est bon. Il y a des stocks importants et, sur la base de l'offre et de la demande, il n'y a aucune raison d'augmenter la production.” Toutefois, il n'avait pas exclu une augmentation soulignant que “si on doit augmenter la production, c'est tout juste peut-être pour calmer le marché parce que les stocks sont très élevés. Donc, la demande est satisfaite. » A propos des prévisions, le ministre avait estimé qu'« au quatrième trimestre, il y aura peut-être une pénurie sur le marché de l'approvisionnement en pétrole. Donc, il y aura une tension sur les prix au quatrième trimestre », ajoutant aussi : « Peut-être que l'approche serait d'augmenter les stocks durant le troisième trimestre ». « Et peut-être c'est l'objectif de l'augmentation prochaine que nous allons faire. Peut-être, durant la prochaine réunion de l'Opep, il s'agira d'augmenter les stocks pour qu'on puisse ne pas avoir de pénurie au quatrième trimestre », avait-il conclu. Malgré cette annonce du président de l'organisation d'augmenter la production, les prix sont restés à un niveau élevé avec un baril de brent coté à 51,38 dollars vers 16h GMT et un baril de brut à 50,65 dollars à New York.