L'Organisation des pays exportateurs de pétrole pourrait augmenter son plafond de production de 500 000 b/j mercredi lors de sa réunion qui aura lieu à Vienne pour officialiser sa production réelle selon des déclarations faites la semaine passée par son président, le ministre Koweitien, Cheikh Ahmed Fahd Al Sabah. Mais cette augmentation du plafond si elle venait à être décidée pour rassurer le marché sur les capacités des pays producteurs ne ferait qu'officialiser le niveau de la production réelle qui serait d'environ 28,2 millions de barils par jour selon des sources industrielles alors que le plafond actuel est de 27,5 mbj. Si l'on ajoute la production irakienne, la production est légèrement supérieure à 30 millions de barils par jour La fin de la semaine passée a vu les prix remonter et être soutenus par de nouveaux événements tels que le recul de la production irakienne, la baisse des stocks aux Etats-Unis et la crainte d'une perturbation de la production à l'annonce d'une tempête dans les Caraïbes qui doit atteindre les côtes américaines le week end. Si les prix ont reculé un peu à l'annonce mardi dernier par le président de l'Opep d'une possible hausse du plafond de production de l'organisation tout en restant nettement au-dessus des 50 dollars le baril, la baisse des stocks de pétrole brut de près de 3 millions de barils a vite fait de remettre la hausse sur rails mercredi. Après l'annonce de la baisse surprise des stocks, les prix ont franchi le seuil de 55 dollars le baril à New York en séance avant de retrouver leur niveau régulier de la semaine autour de 53 dollars. Le marché ayant constaté que les stocks étaient assez suffisants. Toutefois, les prix ont gardé leur niveau au dessus des 50 dollars anticipant sur une pénurie de l'essence en été aux Etats-Unis et une offre qui ne pourrait pas suffire l'hiver prochain durant le 4e trimestre. Au maximum des capacités Dans la capitale koweitienne et s'adressant à des journalistes, le président de l'organisation avait déclaré mardi que : « Si les prix continuent de remonter, je vais, en tant que président de l'Opep, proposer d'augmenter le plafond de 500 000 b/j lors de la réunion ministérielle de l'Opep à Vienne ». Toutefois, il avait estimé que cette augmentation n'ajouterait pas des quantités nouvelles sur le marché. « Je pense que la production effective est déjà présente sur le marché », avait-il déclaré en ajoutant que « notre production réelle est actuellement au-dessus de 30 millions de barils par jour ». Trois jours auparavant, et en marge d'une cérémonie de signature du contrat sur le tronçon algérien de MEDGAZ ,le ministre algérien de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, avait indiqué que les pays de l'Opep produisaient au maximum de leurs capacités et que le problème se situait au niveau des capacités de raffinage. « Il n'y a rien à faire, il n'y aura pas de changement, on produit ce qu'on peut », avait il déclaré ajoutant : « Tout le monde produit à fond jusqu'à la dernière goutte... Il y a des problèmes de raffinage. Lorsque les raffineries produisent à pleine capacité, il peut y avoir des problèmes comme cela s'est passé récemment à propos de l'arrêt de certaines raffineries aux Etats-Unis, ce qui avait provoqué des hausses de prix sur le marché du brut. » La réunion entre l'Opep et la Commission européenne dans le cadre de la concertation entre pays producteurs et pays consommateurs tenue jeudi à Bruxelles n'a pas apporté d'éléments nouveaux. Dans le communiqué commun, l'Opep et l'UE ont estimé « que des prix extrêmes dans quelque direction que ce soit sur une longue période pouvaient poser des problèmes à la fois aux producteurs et aux consommateurs ». Comme ils « partagent le point de vue selon lequel toutes les parties devraient poursuivre leurs efforts pour atteindre une meilleure stabilité du marché avec des prix raisonnables qui soient compatibles avec le besoin d'une croissance économique mondiale saine et des revenus constants pour les pays producteurs ». En matière de prix, l'Opep a déjà lancé une estimation sur ce que pourrait être la prochaine fourchette du mécanisme de stabilisation des prix. Le président de l'organisation a annoncé dans une conférence de presse tenue jeudi à Bruxelles après la réunion avec la Commission européenne que « l'Opep examine une nouvelle fourchette qui serait acceptable à la fois par les producteurs et les consommateurs » en précisant que celle-ci pourrait se situer entre 30 et 50 dollars le baril. L'ancienne fourchette qui a été gelée, n'étant plus collée à la réalité du marché, situait le prix du baril entre 22 et 28 dollars. Le président de l'Opep a confirmé qu'il n y avait pas de pénurie d'offre et que le problème se situait au niveau des capacités de raffinage. Le même constat a été fait par le ministre de l'Economie du Luxembourg qui assure la présidence de la Commission européenne qui a évoqué l'accord entre les deux parties de se concentrer sur le problème du raffinage. Vendredi en fin de journée, le baril de brut sur le marché new-yorkais était coté à 54,90 dollars alors que le brent à Londres valait 53,92 dollars le baril. Cette fermeté est aussi due au rapport mensuel de l'Agence internationale de l'énergie rendu public vendredi et qui fait état d'une augmentation attendue de la demande au 4e trimestre de 1,9 mbj soit 200 000 b/j de plus que la dernière estimation.