Depuis les explosions dues au dynamitage du rocher situé en amont des trois piscines de Sidi M'cid lors du percement du tunnel de la double voie ferroviaire effectué par la société italienne Cogefar au début des années 1980, les deux sources connexes qui assuraient l'alimentation et le renouvellement des eaux de ce trio atypique de bassins se sont irrémédiablement taries. L'on se souvient que pendant de nombreuses années, l'on a usé de tous les moyens pour régénérer les sources perdues (allant de ceux qui relevaient de la pure technologie jusqu'à ceux plus prosaïques qui en appellent à l'occultisme et autres incantations avec sacrifice de moult poulets noirs à la clé), en vain. Des générations entières de Constantinois ont effectué leur baptême de l'eau dans les eaux tièdes de la « petite », vert émeraude du « primo » et bleu azur de l' « olympique ». Durant la saison estivale, ces lieux féeriques redoublaient d'activité et leur fréquentation augmentait de plusieurs crans. Ce site, d'une beauté unique et d'un charme hautement pittoresque, était ouvertement très prisé par toute la population du Constantinois. Par ailleurs, que reste-t-il des flonflons des bals-musettes organisés chaque week-end durant l'époque coloniale, des cris d'enthousiasme des amateurs de compétitions de natation des années 1970 ? Les oriflammes se sont bel et bien éteintes et les échos redondants qui fusaient de cet antre abyssal vu du haut de la corniche se sont irrémédiablement tus. Les deux décennies, la noire et la rouge, ont métamorphosé ce lieu magique en un véritable coupe-gorge, en un tripot où l'on se gargarisait sottement et béatement à la fois d'effluves d'alcool, de relents de mauvaise bière et de parfum enivrant de femmes aux mœurs légères. Les infrastructures uniques de par leur conception (vestiaires personnalisés, carrés de prédouche, gradins, plongeoir et chutes d'eau naturelles) ne demandent, à présent que l'accalmie semble bel et bien de retour, qu'à être réactivées. Ce qui, d'après quelques initiés, ne nécessiterait guère de grandes dépenses de réaménagement. Lors de la dernière session extraordinaire de l'APC, l'exécutif communal avait décidé de céder la gestion de ces dernières à l'OPOW (Office de gestion du complexe omnisports de la ville) même si ce dernier n'avait pas fait l'unanimité au sein de la majorité des élus locaux. Cet organisme public réussira-t-il là où beaucoup de privés, qui n'ont pas encore dit leur dernier mot à ce propos, ont lamentablement échoué ? Telle est la question que se posent les irréductibles nostalgiques de ces lieux fantastiques et tous les amateurs du plongeoir féerique du bassin olympique, vertigineusement haut d'une dizaine de mètres. Et qui ne demande qu'à être sollicité de nouveau.