“Les femmes sud-africaines et les femmes algériennes partageant leurs expériences dans la construction de la paix et le développement” a été le thème de la conférence-débat tenue, hier, au centre de presse international (CIP) à l'initiative conjointe de l'ambassade de l'Afrique du Sud à Alger et du Réseau des femmes algériennes défendant la paix. Cette rencontre organisée à l'occasion de la visite d'une représentante de la Commission pour l'égalité des sexes en Afrique du Sud, Rashida Manjoo, a regroupé un panel de participants, dont l'ambassadeur de l'Afrique du Sud, des parlementaires, des femmes de diplomates et des représentantes d'associations de femmes. Prenant la parole en premier, Saïda Benhabyles, la représentante du Réseau des femmes algériennes défendant la paix, a expliqué que l'objectif de la mise en place de son réseau se situe dans le cadre du “prolongement de la coalition internationale pour la paix, mais aussi en faveur de la politique de réconciliation nationale du président de la république et de sa volonté de reconstruire la paix et le développement”. Expliquant qu'il s'agit de “notre contribution sur le terrain pour ouvrir un dialogue avec les concernés dans le cadre de la réconciliation nationale”. Intervenant pour sa part, Rashida Manjoo a d'emblée expliqué que la Commission pour l'égalité des sexes de l'Afrique du Sud est une structure rattachée à la présidence de la République sud-africaine. Pour elle, “la reconnaissance de la justice des souffrances endurées pendant le régime de l'apartheid a été un long processus qui a duré quatre ans, et jusqu'à maintenant, ce n'est pas encore terminé”, dit-elle en expliquant que les négociations pour “l'arrêt de la violence politique et l'établissement de mécanismes pour arrêter l'injustice”, qui ont duré de 1985 à 1993, ont été menées “secrètement”. Au cours de ces tractations qui ont impliqué tous les protagonistes de la crise, y compris “ceux en prison et ceux à l'étranger”, les comités religieux y ont joué un rôle prépondérant, a-t-elle souligné. Après la phase de tractations secrètes, il était question de “négociations multilatérales où toutes les parties concernées devaient s'asseoir autour de la même table pour trouver des compromis”, a-t-elle souligné. à cette phase a succédé la mise sur pied de la Commission justice et vérité qui, dit-elle, a intégré une clause “pour qu'il n'y ait pas de vengeance”. “Le principe de la commission est de reconnaître ce qui s'est produit pendant l'apartheid, et on a rejeté le système où il fallait juger tout le monde car c'était un luxe financier que nous ne pouvions pas nous permettre”, a-t-elle encore précisé. Les femmes, explique l'oratrice, venaient témoigner des violences contre leurs proches, mais jamais des violences subies sur elles-mêmes. La rencontre d'hier a été, par ailleurs, sanctionnée par la lecture et l'adoption de deux rapports ; l'un portant sur la paix et la réconciliation et l'autre sur le développement économique établi par le Réseau des femmes algériennes et les femmes sud-africaines. Le rapport portant sur la paix et la réconciliation nationale lu par Fatima Karadja soulignait que “la dynamique de réparation pour les deux sociétés, l'une frappée par l'apartheid et l'autre par le terrorisme, implique une transition complexe qui ne peut se concevoir sans processus de réconciliation fondé sur le devoir de mémoire et de vérité et l'impératif de justice légitimé par le consentement populaire et réalisé par l'engagement actif de toutes les forces vives de la société”. N. M.