Les violences physiques et psychologiques, les sévices et tortures perpétrés en Afrique du Sud sous le régime de l'apartheid ont fait l'objet d'un examen exhaustif hier, au Centre international de presse, par Mme Manjoo Rashida, représentante de la Commission nationale pour l'égalité des sexes en Afrique du Sud. « Ce lourd épisode qu'a eu à traverser l'Afrique du Sud a des points communs avec la tragédie algérienne de la dernière décennie », relève M. Benbrahim, député à l'APN et président des Scouts musulmans algériens. C'est dans ce contexte qu'il a été décidé par le Réseau des femmes algériennes et la Commission nationale pour l'égalité des sexes en Afrique du Sud un plan de travail commun devant aboutir à une déclaration commune. Le processus poursuivi par l'Afrique du Sud pour retrouver un climat de paix et « instaurer une culture démocratique », relève la présidente de la commission, passait nécessairement par une réconciliation nationale. Une commission pour la vérité et la justice fut installée à l'effet de promouvoir cette réconciliation. « L'option de l'amnistie générale n'a pas été retenue, car ce qui importait aux yeux du peuple de l'Afrique du Sud était de connaître la vérité sur toutes les exactions commises sous le régime de l'apartheid », explique Mme Manjoo Rashida. L'option choisie était l'amnistie partielle et ne pouvaient en bénéficier que ceux qui avaient commis des actes criminels motivés par une volonté politique. Sans cela, la personne était jugée. Et pour lever le voile sur toutes les violences, « il s'agissait d'écouter les victimes, mais également les commanditaires », soutient la présidente de la commission sud-africaine. Ce travail, qui a vu la participation de toute la société civile, a permis la révélation de nombreux secrets. « C'était la première fois qu'on entendait via les médias des révélations sur des actes commis durant l'apartheid », continue Mme Manjoo. La commission sur la vérité et la justice a établi des rapports publiés par voie de presse et accessibles via Internet. « Ce travail n'aurait pu voir le jour sans la participation active de la société civile et des associations de femmes en particulier », relève-t-elle. Et parce que les gens oublient le sacrifice des femmes ainsi que leur combat, il a fallu se battre pour instaurer des lois et une Constitution qui prévoient l'égalité homme-femme. En 1994 en Afrique du Sud, une charte en faveur de la femme a été signée ainsi que l'installation d'une commission d'égalité entre les deux sexes. Bien que financée par le gouvernement, cette commission est indépendante et doit rendre compte une fois par an de ses activités. Mme Meriem Belmihoub Zerdani, présente lors de la conférence, a applaudi la démarche sud-africaine visant à réinstaurer la paix dans la région tout en soulevant qu'il faut se serrer les coudes entre Africaines pour redonner à la femme la place qui lui revient. Deux commissions algéro-africaines ont planché sur une liste de recommandations devant aboutir à la signature prochaine de la déclaration d'Alger.