La salle de conférences de l'ancien siège de la wilaya d'Adrar a abrité, le 18 avril dernier, une journée d'études consacrée aux foggaras, à l'initiative de l'association de wilaya de réhabilitation et de sauvegarde des foggaras. Ce séminaire a regroupé les différents responsables des secteurs de l'environnement, l'agriculture, l'hydraulique, l'ANRH, les chefs de daïras et les dix commissions de daïras composant les comités locaux des foggaras. Le programme a porté sur l'historique, les origines des foggaras, les techniques d'entretien et de restauration de ces ouvrages en comparaison avec les procédés des autres pays et l'approche d'une méthodologie basée sur le mixage d'une culture ancienne et d'une technologie nouvelle par l'installation de comités locaux. La foggara est un système ancestral de captage et de distribution parfaite de l'eau par des canalisations souterraines, alimentée par la nappe phréatique, pour l'irrigation des jardins et des palmiers. Ces canalisations, longues de plusieurs kilomètres sur une profondeur de 5 à 10 m en dessous de la surface du sol, présentent des galeries permettant l'accès à l'homme pour diverses fonctions. Elles sont en nombre important dans la région d'Adrar (Gourara, Touat et Tidikelt). Le wali d'Adrar, en sa qualité de président d'honneur de cette association, a donné le coup de starter des travaux de cette journée. Dans son intervention, il montra sa disponibilité pour la mise en place de comités locaux de l'association afin qu'ils soient prêts à s'insérer dans le projet initié par le ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement et la coopération italienne, en partenariat avec la wilaya, dans le programme de développement humain. Ces comités locaux sont composés d'ingénieurs de l'hydraulique et de fellahs, propriétaires ou responsables de foggaras, pour associer la nouvelle science technologique à l'expérience traditionnelle comptabilisée durant tous ces siècles. Il rappela les moyens déployés par l'Etat pour la protection de ce patrimoine socio-économique et culturel en même temps, car ces systèmes d'irrigation utilisent une technique unique au monde, vieille de 15 siècles. Il marqua aussi l'accent sur la nécessité de développer ou, du moins, de maintenir le nombre de foggaras déjà existantes et la possibilité d'augmenter leur débit de 1,3 m3 par seconde. L'obligation de l'implication du bureau d'études ANRH dans tous les projets de réalisation et de réhabilitation des foggaras, avec la création de fiches techniques fiables et précises, implique que ces fichiers doivent contenir toutes les informations relatives à leurs origines, leurs longueurs, profondeurs, débits, etc. Le responsable mettra l'accent sur la nécessité de faire connaître, aux pays étrangers et aux ONG, la place des foggaras dans la vie culturelle et économique des régions sahariennes, en préparation à la prochaine rencontre internationale. Un programme est établi avec la Fondation « Désert du Monde » qui va superviser les relations entre les ONG et les associations et qui va mettre en place un montage financier avec la participation des collectivités locales, du FNDRA et des ONG. Le wali a également rappelé que plusieurs actions ont déjà été consenties durant ces trois dernières années dans la wilaya. 560 foggaras parmi les 1 400 que compte la wilaya ont été restaurées ; leur nouveau débit - environ 5 m3/seconde - a permis une augmentation des surfaces cultivables de plusieurs hectares. Un festival international sur les foggaras a eu lieu au mois de février 2005, à Adrar, avec la participation de 13 pays. Les foggaras sont le poumon et l'instrument créateur des oasis et de toute vie dans le désert. En les développant, on arrivera à augmenter les espaces agricoles. Leur rôle est prépondérant dans la lutte contre la désertification puisque plus de 60% des périmètres cultivés sont irrigués par ce système, d'où la nécessité d'œuvrer pour sa protection. Un arrêté de wilaya a été promulgué depuis déjà 5 ans, fixant la protection et réglementant l'urbanisme autour des foggaras. Le wali dira qu'il est « prêt à prendre en charge la formation des jeunes et à les aider à créer leurs propres micro-entreprises spécialisées dans la réalisation et l'entretien des foggaras, dans le cadre de l'ANSEJ. »