La sonnette d'alarme a été tirée encore une fois hier par la direction de la prévention du ministère de la Santé lors d'une conférence de presse tenue hier au siège du ministère. Depuis le début de l'année, 1648 cas d'intoxication ont été enregistrés, causant 4 décès, généralement lors de regroupements familiaux pendant les fêtes et dans les lieux de restauration collectifs. En pourcentage, les intoxications alimentaires ont lieu dans le milieu familial (45,73%), au restaurant (16,27%), dans les établissements scolaires et universitaires (10,85%), la restauration collective à caractère industriel (3,87%) et autres telles que les casernes (23,25%). Les aliments contaminés sont les plats cuisinés (39,39%), les produits de pâtisserie (34,34%), les produits laitiers (18,18%) et autres denrées (8,08%). Les aliments ou repas les plus souvent mis en cause sont la pâtisserie, les viandes (poulet, viande rouge en sauce), le couscous, l'eau et le lait. Le nombre le plus élevé a été enregistré en 1999 avec 4532 malades et 19 décès. Les causes des décès sont identiques : ingestion de méthanol, consommation de pâtisserie, chardon à glu, liquide acide, consommation de bonbons, de petit-lait, intoxication médicamenteuse et consommation de champignons. Les actions de contrôle ne peuvent résoudre un problème de fond qui est l'inapplication de la réglementation. Le secteur de la santé, longtemps marginalisé dans tout ce qui touche le registre du commerce, est devenu un réceptacle des insuffisances constatées lors de la délivrance de ce registre. Pour prévenir ou atténuer ce genre de situation, le ministère propose l'imposition du professionnalisme aux fabricants de produits alimentaires à risque (laits et dérivés, viandes blanches et rouges, pâtisserie, boissons gazeuses, conserveries alimentaires), la décentralisation du registre du commerce en introduisant l'intersectorialité pour son obtention (santé, agriculture, intérieur, habitat), réintroduction des enquêtes commodo et incommodo pour les commerces dangereux pour la santé, le recensement et l'informatisation de tout commerce à caractère alimentaire au niveau de chaque commune avec des fiches signalétiques de contrôle pour chaque commerçant et réhabilitation des conditions d'hygiène dans les restaurants collectifs en résolvant surtout le problème de la disponibilité de l'eau en qualité et en quantité. Deux types de bactéries sont à l'origine de l'intoxication alimentaire : le staphylocoque et les salmonelles. Le staphylocoque se développe après la consommation d'aliments mal cuits, et on le retrouve dans les crèmes et certains plats réchauffés. Les salmonelles sont présentes dans les aliments souillés par une eau impropre. Revenant sur la qualité des eaux de baignade des plages, la responsable de la prévention souligne que le ministère n'effectue que « des contrôles bactériologiques » et qu'il n'est pas le seul critère pour interdire ou autoriser la baignade.Sur les 14 wilayas côtières, Alger est la région la plus polluée en raison de l'existence de complexes touristiques. Les canaux ont été déviés et l'eau chlorée, mais le problème n'a pas été résolu entièrement. Les plages non polluées sont des plages sauvages non surveillées et non contrôlées. Le dysfonctionnement des stations d'épuration des eaux usées a engendré une saturation des capacités d'autoépuration. Des oueds qui déversent leur eau dans la mer. Concernant la fièvre typhoïde, les autorités sanitaires affirment qu'elle est « en constante diminution : le taux d'incidence est passé de 17,09 pour 100 000 habitants en 1994 à 2,31 pour 100 000 habitants en 2004 ». Du 1er janvier 2004 à ce jour, 257 malades ont été hospitalisés, 192 cas confirmés et 1 décès à Mostaganem. Trois épidémies ont été enregistrées durant cette période à Bouira avec 14 cas d'hospitalisation suite à l'inondation de caves, à Mostaganem avec 21 cas d'hospitalisation suite à la contamination de puits par des fosses septiques et à Sétif avec 34 cas suite à la contamination de puits par les eaux usées. Les cas les plus récents ont été signalés à Batna (48 cas) suite à des infiltrations d'eaux usées. Le réseau d'eau potable est vétuste. Les maladies hydriques ne sont plus des maladies de mains sales, mais celles des réseaux. Ce ne sont pas les maladies du sous-développement, mais les maladies du développement non durable. Face aux menaces, le programme national de lutte contre les MTH est mis en place par petites touches successives. Les principaux facteurs à l'origine de ces épidémies sont la non-conformité des réseaux d'AEP et d'assainissement, le développement de l'habitat précaire, le piquage illicite sur les réseaux, les constructions anarchiques et la consommation d'eau de citernes non traitée. Chaque malade de fièvre typhoïde coûte 150 000 DA à l'Etat pour un traitement de tois semaines. A cela, il y a lieu d'ajouter les répercussions sociales : les journées de travail perdues, l'absentéisme général et scolaire, la diminution de l'activité touristique et la focalisation sur la prévention des MTH aux dépens des autres maladies. Cependant, depuis 1996, l'Algérie n'a enregistré aucun de cas de choléra malgré quelques fausses alertes.