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4e Semaine nationale des universités
La technologie, une arme de guerre économique jamais transférable
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2005

La 4e Semaine nationale des universités s'est achevée, mercredi soir, après les travaux du colloque en matinée.
Le président de la République, qui était attendu dans un premier temps pour en donner le coup d'envoi, a adressé un message à la clôture, rapporté par Mohamed Derbal, ministre conseiller du Président. Dans celui-ci, le propos est de circonstance. L'intérêt du thème, à savoir les défis du XXIe siècle en matière de formation, est l'une des préoccupations du Président qui assure que l'éducation et la formation « demeurent la priorité de mes priorités ». Le colloque s'est élevé véritablement à la mesure des défis du XXIe siècle, d'une part, par un pointu niveau de la réflexion à donner le vertige au néophyte et, d'autre part, par une rupture avec une tradition de grisantes mais oiseuses spéculations intellectuelles. Les conférenciers, chacun en son domaine, avec maestria, ont démontré les considérables implications entre la recherche scientifique, la formation en recherche scientifique et les colossaux enjeux au plan économique. Sous l'angle de la perspective historique, le Pr Ahcène Bouabdallah (USTHB) retraça le développement de la science et de la technique en rapport avec l'apparition du processus technologique, cela depuis l'homme primate de façon à mettre en lumière ses fondements et son principe d'évolution. De la sorte, il met en évidence que le processus de naissance et de déploiement technologique couvre trois phases d'évolution, à savoir l'adaptation, l'innovation et l'invention. Par ailleurs, il note une forte corrélation entre les grandes transformations économiques et sociales de l'humanité et le saut qualitatif lié au fossé technologique ainsi creusé qui entraîne des velléités de domination : « C'est la raison pour laquelle la technologie doit être perçue et même assimilée à une arme de guerre économique et qu'elle n'est jamais transférable en tant qu'idée ou concept mais s'acquiert durement par le travail bien structuré et une pratique économique compatible avec un modèle sain. » Dès lors, il apparaît que la formation doit être en prise directe avec l'actualité scientifique et économique afin de préparer l'étudiant à l'ambivalence et l'ingénieur au recyclage permanent. « Ce principe permet d'éviter l'obsolescence des études spécialisées et de rendre possibles la multiplication et la diversification des compétences aux fins de consolider le tissu technologique et pour en assurer la compétitivité permanente des réseaux de production. » Cette relation, un osmose entre formation et production, a pour but de répondre à une double préoccupation centrale et moderne relevant de la bonne gouvernance locale des savoirs et de l'emploi d'une technologie intelligente au service du développement durable, cela de façon à faire face aux nombreux défis de la division internationale du travail et de sa variabilité. Cependant, le conférencier avertit : « La technologie n'est ni la science ni la technique : elle en est la résultante par son inspiration et ses application. Mais elle n'est pas seulement le savoir-faire. C'est un corps de doctrine solidaire d'une action orientée et jamais neutre si l'on se réfère aux typologies caractéristiques Technologie soft/hard, légère/massive, obsolète/durable/, locale/globale ou technologie occidentale/asiatique, etc. »
Évolution
Et à partir d'une étude de cas, le Pr Bouabdallah énumère quelques principes méthodologiques en matière d'apprentissage pour notre pays dont la nécessité d'une sélection et orientation « créant un rapport de conviction psychologique tourné vers l'intérêt de la personne, notamment en respectant sa volonté et ses choix afin de la préparer convenablement à assumer ses responsabilités dans la profession et la société en général ». Toujours sur le thème de la recherche scientifique dans l'enseignement supérieur, le mathématicien Mokhtar Kharroubi (Oran) aborda la problématique générale de la recherche en rapport avec les mathématiques et la physique dans une évolution historique ayant favorisé l'éclosion d'un nouveau rationalisme. Puis, interrogeant la relation entre la recherche scientifique et le monde de l'industrie sur fond de polarisation du savoir technique, il en vient à cibler « la géographie de la recherche » qui s'est imposée en droite ligne du processus de mondialisation avec une recherche protégée telle que le nucléaire et une recherche fondamentale délocalisée, à l'instar des industries délocalisées, par l'utilisation des scientifiques des pays émergents. Partant de là, et pour échapper à l'emprise de la dépendance inhérente à cette intégration verticale, le Pr Kharroubi oppose l'intégration horizontale, d'abord nationale des établissements, et internationale avec des pays à développement comparable « avec l'avantage, si elle est faite intelligemment, de susciter des pôles régionaux de développement ». En avançant cela, le conférencier cite le formidable potentiel qu'offre le Maghreb avec toutes les homogénéités qu'il présente. Le Pr Marc Yor (Paris), quant à lui, a fait étalage d'un formidable télescopage intervenu dans les années 1980 entre le monde de la spéculation intellectuelle dans le domaine de la théorie des probabilités et celui de la spéculation financière. Autrement dit, entre une science qui faisait son petit bonhomme de chemin depuis un siècle hors de toute préoccupation utilitaire immédiate et le surgissement pressant des besoins des marchés financiers. Le développement des mathématiques financières venait d'atteindre un stade tel qu'il répondit à des défis qui s'étaient imposés.
Profits
En matière de formation, selon le conférencier, le seul défi est de résister à la pression des banquiers pour ne pas verser dans « le bidouillage ». Quand on sait les défis en matière de réforme bancaire en Algérie, le Pr Yor explique que pour former des cadres, il suffit d'une solide formation en probabilités sans besoin d'une formation financière et économique au préalable. Pour sa part, le Pr Nacereddine Kazi Tani (Pau), exposant les méthodes modernes en géologie, révéla les immenses profits économiques et financiers que peut en tirer l'Algérie dont les ressources financières proviennent pour l'essentiel de son sous-sol. Pour commencer, il expliqua que la géologie n'est plus cette rébarbative science qu'elle était dans les années 1960 et qu'elle n'est plus compartimentée en disciplines aux frontières étanches. Depuis, elle a mis en évidence la techtonique des plaques qu'on a tort de confondre avec la dérive des continents. Et parce qu'elle n'a plus pour objet la seule croûte terrestre et qu'elle s'intéresse aux profondeurs de la terre jusqu'à son noyau, elle est devenue prédictive au point de situer où devrait apparaître une montagne. De même, elle a avancé une théorie plus fiable contredisant la fameuse théorie d'Alvarez sur la disparition des dinosaures, disparition qui ne serait pas due à la tombée d'une météore mais que la catastrophe a surgi du centre de la terre. Cette théorie a permis de fonder plusieurs disciplines corollaires utiles dans le domaine de l'exploration minière. On sait comment fonctionnent les bassins sédimentaires (pétrole, fer, phosphate, etc.) ainsi que la prédiction de la géométrie des pièges pétroliers, ce qui permet de réaliser de gigantesques gains en matière d'investissements dans l'exploration pétrolière. « On peut aujourd'hui ne plus aller à l'aveuglette », affirme le Pr Kazi Tani qui enseigne également à Sonatrach depuis dix années.


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