Les slogans, affichés en grand, ne parlaient que de réconciliation et de continuité. Ils sont venus. Ils sont tous là. Plus de 2700 congressistes représentant les quatre coins du pays. Anciens frères-ennemis, des mouhafadhas et coordinations, des différentes assemblées élues et des instances issues du 7e congrès. Pas un ne manquait à l'appel, si l'on excepte les anciens présidents de la République, tous demeurés sourds aux invitations qui leur ont été adressées. Dès le matin, une bousculade indescriptible a caractérisé la distribution des badges. Beaucoup de personnes, y compris des ministres et des responsables d'organisations nationales, à l'exemple d'Allalou, ex-ministre de la Jeunesse et des Sports ou Tayeb Houari, secrétaire général de l'Onec, ont cherché en vain leur «sauf-conduit», avant de faire face à un service d'ordre d'une redoutable efficacité, qui n'a laissé passé aucun «intrus». Dans la salle, à savoir la Coupole du complexe olympique du 5-Juillet, le climat était à l'apaisement et à la réconciliation entre les anciens frères-ennemis. Une tendance non démentie par les slogans affichés en grand, ne parlant que de réconciliation et de continuité, le tout dans la stricte défense et application du programme du président Bouteflika. Les organisateurs, à l'instar d'Amar Tou ou bien Abdelhamid Si Afif, n'ont toutefois pas caché la persistance de quelques «troubles», qualifiés par eux de «tout à fait normaux dans un parti en train de recouvrer sa santé, et oeuvrant à faire siennes les règles démocratiques dans lesquelles la concurrence entre les congressistes, y compris ceux qui viennent de la même wilaya et qui représentent la même liste, est tout à fait normale, voire carrément requise». Du côté des députés qui formaient jadis le fer de lance de la vieille garde de Benflis, à l'instar d'Abbas Mikhalif ou bien Sadek Bouguettaya, le ton est au contraire à la «réconciliation la plus totale». Beaucoup ont même souligné le fait qu'ils ne comptent briguer aucun poste de responsabilité dans les instances futures du FLN. Or, ce parti est passé maître dans les jeux de coulisses et les coups de théâtre, au point qu'Amar Saïdani, président de l'APN et membre de la commission des Cinq, a trouvé beaucoup de mal à calmer un début de fronde initiée par des députés. Des conciliabules et des tractations de coulisses se sont poursuivis pendant des heures, alors que les congressistes continuaient d'entrer au «compte-gouttes» sous l'oeil vigilant des services d'ordre. Ce n'est qu'à 14 heures 30 que le coup d'envoi est enfin donné. Invités d'honneur hautement significatifs, les leaders de l'Alliance présidentielle, à savoir Ahmed Ouyahia et Bouguerra Soltani, respectivement secrétaire général du RND et président du MSP. Etaient également présents Boualem Benhamouda, ancien secrétaire général du FLN, Abdelmadjid Sidi-Saïd, secrétaire général de l'Ugta et Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT. Alors que les spéculations allaient bon train sur la possibilité que des troubles soient fomentés par des centaines d'«intrus» arrivés dans la salle on ne sait comment et dénoncés aux organisateurs par des députés, la séance d'ouverture s'est déroulée dans un climat tout à fait serein. Belkhadem, en bon diplomate, donné par tous comme futur secrétaire général du FLN, a su couper parfaitement la poire en... «trois» en mettant en place un bureau dans lequel sont présents les représentants des trois grands courants qui secouent ce parti. L'initiative semble avoir été tellement heureuse qu'elle a recueilli l'adhésion unanime des présents. Les personnes choisies sont Abderrezak Bouhara représentant de la troisième voie, Salah Goudjil, Abdelkrim Abada, Boualem Bessayeh, Abdelkader Hadjar, Layachi Daâdoua, Mohamed-Chérif Kherroubi, Meftahi Yamina et Abdelaziz Belkhadem. En attendant que les travaux avancent plus dans le temps, comme il en était attendu dans la nuit d'hier, les tractations de coulisses sont allées bon train dans la course aux quelque 500 postes à pourvoir au niveau du futur Conseil national. Les rumeurs qui ont circulé hier, sans qu'il ait été possible de les vérifier avant la clôture, prévue aujourd'hui, faisaient état du «refus poli du président Bouteflika d'assumer la présidence du FLN». Dans le cas où cette rumeur venait à se confirmer, nous a-t-on dit, le poste de président sera tout bonnement «biffé» des statuts du parti. Mais, dans tous les cas de figure, le FLN compte sortir renforcé de ce 8e congrès, dit rassembleur. Ici, le doute n'est guère permis, à entendre le discours donné en ce sens par Belkhadem, mais aussi à se pencher sur le projet de motion politique devant être adopté aujourd'hui. Nous y reviendrons...