La casbah a pu résister à cette forte secousse tellurique. Les habitants de Bab El-Oued et de La Casbah ont préféré passer la nuit de jeudi à la belle étoile. Ils ont envahi les rues, fuyant leur maison, par crainte d'être ensevelis sous leurs toits. Mais d'autres n'ont pas eu cette chance, après l'effondrement de leur habitations. Quatre morts et une quarantaine de blessés dont une dizaine dans un état critique, tel est le bilan de cette macabre journée. Il est 20h 30. Les sirènes de la Protection civile huilaient, les véhicules se dirigeaient vers les hauteurs de Bab El-Oued. Sur place, nous avons assisté au drame. Au niveau du 8, rue Boualem-Medjak, Tarek est mort après l'effondrement de deux balcons. Ce garçon de 6 ans est rentré depuis une semaine de Bordj Ménaïel pour rendre visite à sa famille. Cependant, et par miracle, les habitants d'un immeuble ancien se situant dans la même ruelle, ont eu la vie sauve en dépit des dégâts enregistrés sur cette vieille habitation, classée en rouge par les services du CTC. Cinq cents mètres plus loin, à la rue Mohamed-Aït Amer, Sarha, 2 ans, a rendu l'âme, la maison de la famille Khelfoune s'est écroulée suite à la chute d'un mur d'un immeuble voisin. La soeur et la mère de Sarha sont hospitalisées à l'hôpital Maillot. Leur état est critique. Les deux autres victimes sont Belimi Soraya 23 ans et Bouamra Ali 45 ans. Au CHU de Bab El-Oued, l'on a enregistré une mobilisation totale du corps médical. «Nous avons les moyens nécessaires pour faire face à cette catastrophe» nous précise un professeur. Les citoyens n'ont pas attendu les appels à la télévision pour faire don de leur sang. Au niveau du plus vieux quartier d'Alger, La Casbah, l'on s'attendait au pire au vue de la vétusté du parc immobilier. Mais le pire ne s'est heureusement pas produit. Les carcasses des maisons ont pu résister à la forte secousse tellurique. Mais la panique a pris le dessus, la quasi-totalité des familles a déserté les maisons. L'on a assisté à un exode massif vers la Place des martyrs, «Je refuse de retourner à ma maison, je camperai ici jusqu'à ce qu'on décide de nous reloger», explique cette sexagénaire. Au petit matin, les habitants de ces deux quartiers populaires ont pu constater l'ampleur des dégâts. La colère s'est jointe au deuil. Au quartier Mohamed-Ourif on nous a déconseillé de pénétrer à l'intérieur de l'immeuble. «Faites attention il va s'écrouler d'un moment à l'autre!», nous dit un jeune. Nous décidons quand même de prendre les escaliers, ou ce qu'il en reste avec prudence. En surveillant soigneusement nos pas. La bâtisse est très fragile, les plafonds de quelques maisons se sont effondrés, les escaliers aussi, les murs fissurés. Il faut dire que nous avions eu le vertige avant d'atteindre le dernier étage. L'exercice de descente était aussi compliqué. Pour quoi n'a-t-on pas relogé les familles classées sinistrées depuis plus de 10 ans? «Vous savez plus que moi que nous avons en Algérie un problème de logement et de travail donc je trouve illogique votre question». Cette réponse émane du vice-président de l'APC de Bab El-Oued qui nous a demandé de renvoyer cette question au responsable de la wilaya d'Alger pour s'informer du quotas consacré à Bab El-Oued, dans le cadre du programme logement.