Comme prévu, mais c'est aussi une tradition, le Conseil de sécurité a endossé le dernier rapport du secrétaire général de l'ONU sur le Sahara-Occidental, ainsi que ses recommandations comme la prorogation pour une nouvelle période de six mois du mandat de la Mission des Nations unies chargée de l'organisation du référendum au Sahara-Occidental (Minurso) soit jusqu'au 31 octobre prochain. Du point de vue principiel, l'instance onusienne s'en est tenue à l'essence même de cette question, c'est-à-dire que le dossier sahraoui relève de la décolonisation, et réitère en cela la validité des plans de paix de l'ONU et de James Baker - l'ancien Monsieur Sahara auprès de Kofi Annan -, de 1993 recommandant l'organisation d'un référendum d'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental. A travers ce vote acquis à l'unanimité des membres, le Conseil de sécurité réaffirme sa détermination à œuvrer à la réalisation du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Se basant sur le constat de Kofi Annan, ce texte affirme, par ailleurs, la nécessité du respect des accords militaires conclus avec la Minurso sur le cessez-le-feu. Cette nouvelle résolution, qui intervient à un moment où le processus de règlement de la question du Sahara-Occidental se trouve dans l'impasse, est venue opportunément rappeler que les Nations unies demeurent le cadre de règlement de cette question et que le Conseil de sécurité est déterminé à continuer à œuvrer à sa solution, relèvent les observateurs à New York. Elle rappelle également, soulignent-ils, que la solution politique du conflit doit s'articuler autour d'un principe fondamental : le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et souligne la pleine pertinence du plan Baker qui demeure le seul cadre approuvé par le Conseil de sécurité pour une solution juste et définitive du conflit, par le droit à l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental. Il était enfin salutaire, estiment les observateurs, qu'après les violations par le Maroc des accords militaires sur le cessez-le-feu, constatées par la Minurso et rapportées par le Secrétaire général des Nations unies au Conseil de sécurité, le Conseil souligne encore une fois la nécessité du strict respect de la lettre et de l'esprit de ces accords. En dépit des efforts déployés par certains pays en vue d'amener le Conseil de sécurité à adopter une simple résolution technique prorogeant simplement le mandat de la Minurso, le Conseil de sécurité a finalement opté pour une résolution de fond, définissant le cadre et les conditions de la solution politique de la question du Sahara-Occidental et renouvelant sa détermination à œuvrer dans ce sens. « De notre point de vue, c'est un excellent texte, qui réitère la détermination du Conseil de sécurité à chercher une solution qui prévoit l'autodétermination du peuple du Sahara-occidental », a déclaré à l'issue de ce vote, Abdallah Baâli, ambassadeur représentant permanent de l'Algérie auprès des Nations unies. Déplorant que le Maroc « rejette toujours le Plan de paix et veuille une solution qui ne prévoit qu'une autonomie pour le peuple sahraoui », M. Baâli a indiqué qu'il gardait l'espoir que Rabat « change de position ». Dans son dernier rapport, Kofi Annan avait particulièrement déploré le blocage actuel sur « la question fondamentale concernant la manière dont la population du territoire peut exercer son droit à l'autodétermination ». Et c'est là toute la pertinence du texte voté jeudi, rappelant à l'évidence que la position de cette organisation quant à la nature du conflit, ainsi que ses prolongements, comme les réfugiés sahraouis considérés comme tels par l'ONU, récusant totalement les thèses marocaines qui parlent de « séquestrés », ou encore de l'Algérie que M. Annan présente comme un « pays d'asile ». Malgré cet effort de clarification qui n'est pas superflu, le Maroc s'entête à vouloir contourner ce qui relève de l'évidence. A l'issue du vote de jeudi, il a exprimé son souhait de trouver une « même volonté auprès des autres parties » concernées pour trouver une « solution politique » au conflit du Sahara-occidental, a-t-on indiqué de source officielle à Rabat. Cette réaction a été exprimée par l'ambassadeur du Maroc à l'Onu, Mohamed Bennouna. « Nous espérons trouver auprès des autres parties la même volonté d'aboutir, dans les meilleurs délais, à une solution politique, sous les auspices des Nations unies, comme l'a demandé Kofi Annan », le secrétaire général de l'Onu, a déclaré le représentant du Maroc auprès de l'Onu après le vote du Conseil de sécurité. Sauf que le délégué marocain ne dit pas tout. C'est-à-dire que son pays ne veut rien d'autre qu'un plan qui entérinerait son occupation du Sahara-occidental. C'est ce que les Marocains appellent « solution dans le cadre de (leur) souveraineté territoriale ». Ou encore le « vote confirmatif », car et s'il ne fallait rappeler que le plan Baker toujours valide pour le Conseil de sécurité, celui-ci a été rejeté par le Maroc. Il prévoit une autonomie du territoire pour une période de transition de cinq ans, avant la tenue d'un référendum sur son statut définitif. Le Front Polisario l'avait approuvé. Quant aux « parties », l'ONU n'en voit que deux, c'est-à-dire le Maroc et le Front Polisario. C'est donc un nouveau face à face entre le royaume chérifien et l'organisation internationale.