Depuis 1991, soit depuis que l'application du plan de paix de l'ONU est passée régulièrement en revue par le Conseil de sécurité, les rapports des secrétaires généraux qui se sont succédé à ce poste comportent toujours deux chapitres. Le constat d'abord et les recommandations ensuite. La règle a été observée encore une fois par Kofi Annan qui se montre vraiment amer. C'est l'impasse, affirme-t-il à l'intention des quinze membres du Conseil de sécurité, et rien n'a changé depuis son précédent rapport en date du 23 avril 2004, sauf la démission de son envoyé spécial, James Baker, auteur du « Plan de paix pour l'autodétermination du peuple du Sahara-Occidental » qui porte son nom d'ailleurs. Et le blocage, constate-t-il, comme il l'a fait pour son rapport d'avril dernier, vient toujours du Maroc qui rejette ce plan. C'est là l'élément essentiel qu'il tire d'ailleurs des conclusions auxquelles a abouti la mission en septembre dernier de M. Alvaro de Soto qui occupe le poste de représentant, personne n'ayant encore succédé à James Baker. Selon lui, l'accord qu'il escompte pour ce plan « semble encore plus lointain aujourd'hui. Il n'existe pas non plus d'accord quant aux mesures qui pourraient être prises pour surmonter l'impasse actuelle. L'objectif consistant à permettre au peuple du Sahara-Occidental d'exercer son droit à l'autodétermination, continue donc de se dérober. » M. Annan va droit au but et se montre d'une extrême précision pour chacun de ses propos. Et la conclusion est facile à tirer. Il revient à l'ONU de tirer la conséquence d'un tel blocage du moment que son origine est parfaitement identifiée. En accepter les termes serait admettre l'échec de l'ONU et entériner un déni de justice. Kofi Annan, qui recommande une prorogation du mandat de la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum au Sahara-Occidental) pour une nouvelle période de six mois, sait que le retrait de cette force pourrait être lourd de conséquences. D'ailleurs, il a tenu à exprimer sa « profonde préoccupation au sujet de la récente escalade dans les diatribes publiques émanant des parties de la région » auxquelles il demande de « faire preuve de la plus grande retenue ». Et la question se pose comme pour chaque réunion de ce genre qui sera suivie d'un débat dans les prochains jours et d'un vote avant la fin de ce mois. Que décidera l'ONU ?