Le navire El Djorf appartenant à la Cnan est bloqué depuis le 26 avril dernier au port d'Anvers, en Belgique, a-t-on appris de source proche de la compagnie maritime. Le cargo a fait l'objet d'une mesure administrative décidée par les services des douanes belges après une mission de contrôle effectuée à bord et qui s'est soldée par la découverte de kif, de cigarettes de contrebande et de plus d'une dizaine de clandestins algériens. Ce qui est considéré par les douaniers comme une grave infraction pour laquelle une pénalité de 100 000 euros a été retenue. Depuis ce mardi 26 avril, le navire est donc bloqué au port en attendant que la compagnie s'acquitte de cette amende pour que les clandestins soient embarqués de nouveau et réacheminés vers l'Algérie. Selon nos sources, le cargo, parti d'Alger, devait rejoindre la Turquie avant d'être détourné sur Anvers, destination que devait prendre le navire Eddough, lui-même orienté vers la Turquie. Ainsi, moins d'une année seulement après l'entrée en vigueur du code ISPS (en juillet 2004) - un dispositif de sûreté des navires et des installations portuaires -, un navire battant pavillon national vient de prendre la mer avec à son bord non seulement plus d'une dizaine de clandestins, mais également de la drogue. Ce qui est extrêmement grave non seulement pour la compagnie maritime, mais également pour le port d'Alger, qui continue à être une véritable passoire en dépit du fait de la mise en conformité en juillet 2004 des navires algériens et des installations portuaires aux dispositions du code ISPS (de sécurité et de sûreté). Comment se fait-il que près d'une vingtaine de clandestins aient pu avoir accès au navire et embarquer à bord du navire El Djorf avec toutes les dispositions de sécurité imposées par les services de sécurité pour accéder à l'enceinte portuaire ? Il est difficile de croire que cette opération ait pu avoir lieu sans des complicités au niveau des services concernés. Contacté, M. Benramdani, inspecteur général au niveau de la compagnie, a reconnu qu'« il y a eu négligence de la part du commandant de bord du navire dans cette affaire, même si pour l'instant on écarte la complicité ». Il a néanmoins « regretté » le fait que le port d'Alger, certifié au code ISPS, puisse être considéré comme une passoire. « Une telle opération aura des incidences sur les navires algériens à partir du moment où les autorités douanières belges, et peut-être même européennes, vont avoir l'œil sur tous les navires qui viennent d'Algérie. Ils seront à chaque fois passés au peigne fin parce qu'au départ il n'y a pas eu un contrôle strict des services concernés. » Ainsi, à cause des erreurs des uns et des autres, la compagnie maritime se retrouve sous les feux des projecteurs après l'avoir été suite au naufrage de ses deux navires le Béchar et le Batna au port d'Alger, et qui a fait 18 morts parmi les marins. Cette tragédie, rappelons-le, avait levé le voile sur une gestion très controversée de la flotte de la compagnie et a eu pour conséquence l'incarcération d'une grande partie de son staff dirigeant pour, entre autres, « non-assistance à personnes en danger ». Un comité directoire a été installé pour assurer l'intérim de la direction de la compagnie. Une mission très difficile puisqu'il s'agit de gérer le passif et l'actif de l'entreprise afin de redresser la situation. A ce jour, la compagnie ne s'est toujours pas constituée partie civile dans l'affaire du naufrage. Ce qui est certain, selon nos sources, c'est qu'une enquête est actuellement menée par les services de sécurité sur la gestion de la flotte de la Cnan, notamment le volet consacré aux contrats de réparation des navires à l'étranger et au fonctionnement des représentations de l'entreprise en dehors du pays.