Les autorités ont toujours gardé un sens de l'humour particulier. Ainsi, Tayeb Louh, l'actuel ministre du Travail, a attendu la veille de la fête du Travail du 1er mai pour annoncer au pays des 3 millions de chômeurs que « le principe de la permanisation absolue dans un poste de travail n'existe plus », soit en gros qu'il ne suffit plus d'avoir un travail puisqu'il faut encore le garder et que les contrats seront temporaires comme pour un député ou un ministre, l'argent et les avantages en moins. Pourquoi attendre le 1er mai pour faire cette déclaration ? Dans l'option libérale « irréversible » des néo-commerçants au pouvoir, il y a sûrement de bonnes raisons pour adopter des méthodes de recrutement plus souples pour les entreprises, mais le choix de la date pour l'annoncer reste un mystère, au pire une mauvaise blague, comme celle qui consisterait à annoncer de nouvelles sanctions contre les journaux le 3 mai, Journée internationale de la liberté de la presse, ou encore à interdire le 8 mars, Journée de la femme, aux Algériennes d'élever la voix en public. C'est peut-être à cause de cette ambiance de dérégulation du marché du travail que Abdelmajid Sidi Saïd, travailleur permanent à l'UGTA, a décidé d'aller fêter le 1er Mai à Tamanrasset, chez l'Amenokal Akhamokh. Pourquoi dans le désert ? La centrale n'a pas donné d'explications, mais on imagine bien que Sidi Saïd en a marre d'être harcelé de questions à chaque fois qu'il y a un problème dans le monde du travail, comme s'il était le représentant des travailleurs. A quoi sert-il alors, lui qui coûte si cher aux contribuables ? A pas grand-chose, ce qui explique que le champion olympique algérien des tripartites se sente le droit d'aller se promener dans le désert. Ce qui n'explique pas, par contre, pourquoi Tayeb Louh n'a pas parlé des emplois fictifs et du contrat de travail de Sidi Saïd.