La Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH), présidée par Ali Yahia Abdenour, qualifie d'alarmante la situation des droits de l'homme en Algérie. Le constat a été établi, hier, à l'occasion de la journée internationale du Travail et celle de la Liberté de la presse. La situation se caractérise, selon le communiqué de la LADDH, par des violations massives de la liberté d'expression et de la liberté syndicale. Tout en condamnant les procès faits aux journalistes, la LADDH s'est dit « solidaire » des journalistes condamnés ou emprisonnés. Aussi, elle demande la libération du directeur du quotidien Le Matin, Mohamed Benchicou. « L'Algérie n'a pas vocation à être celle de la pensée unique. La presse n'est plus en liberté surveillée, mais en prison », note l'organisation de défense des droits humains. Elle appelle le Pouvoir à mettre fin à la répression en guise de mesure urgente. « Les procès contre les journalistes ont mis en relief le rôle de la justice perçue par l'opinion publique comme soumise, inféodée au Pouvoir exécutif, son ombre, son bras séculier. Il faut que ses jugements et arrêtés soient des actes de justice et non des opérations de justice. Le Pouvoir veut réduire la presse au silence par des procès. Il exclut qu'on lui oppose quelque droit que ce soit, même son propre droit », a-t-elle ajouté. S'agissant de libertés syndicales, le constat de la LADDH n'est guère meilleur. Il relève en particulier la répression qui s'abat sur les dirigeants des syndicats autonomes, notamment ceux de l'enseignement, de la santé et de l'administration publique : « Le pluralisme syndical est pour le moment écarté par un terrorisme administratif qui refuse le dossier d'agrément à plus de 53 syndicats autonomes. » Cette ONG indique que le droit d'exercice syndical est prévu par les lois du pays et les conventions internationales ratifiées par l'Algérie. Tout en dénonçant le recours systématique des pouvoirs à la justice pour faire face aux mouvements de grève, la LADDH regrette que l'UGTA soit le seul interlocuteur du gouvernement : « L'UGTA a l'exclusivité de la représentation des travailleurs, alors qu'elle n'est pas seule sur le terrain. Elle est devenue une courroie de transmission du Pouvoir, son organisation de masse, dont la principale mission est de désamorcer la crise sociale. Elle est partie intégrante du système politique et ne peut évoluer en dehors de lui. Elle a tourné le dos à l'action syndicale... »