Nadir Benseba fait partie de la pléiade de journalistes algériens qui ont rallié la profession dans des circonstances douloureuses. C'était le temps où les journalistes rasaient les murs. L'atmosphère funèbre qui régnait dans les salles de rédaction au début des années 1990, la détonation des bombes dans les rues d'Alger et l'assassinat en série de ses confrères n'ont pas affecté sa détermination. Nadir a dû rompre bien des lances pour résister à un climat hostile et donner un sens à son combat. Durant sa carrière, il a vu mourir ses collègues sous les balles assassines de l'intégrisme. Il a vécu la répression des journalistes, vu incarcérés ses confrères et assisté à la mise à mort du Matin, le journal où il a trimé huit ans durant. Malgré cette série d'épreuves, Nadir n'a pas cessé d'écrire et de défendre la profession. En acceptant de devenir coordinateur, chargé de missions au bureau régional de la Fédération internationale des journalistes (FIJ) à Alger, Nadir a fait son choix. Sensibles à son combat, des confrères d'ailleurs lui ont décerné un prix en avril dernier. Cette récompense, judicieusement baptisée prix courage du journalisme, lui a été remise à l'issue de la première rencontre des journalistes de la Méditerranée tenue à Almeria (Espagne) et dans laquelle a pris part une trentaine de pays. « C'est le combat des journalistes algériens qui a été primé (...). Ce n'est pas moi qui suis au centre de l'événement », avait alors déclaré Nadir avec la modestie qui caractérise les journalistes algériens. « Il ne faut pas perdre de vue les 113 journalistes qui étaient à l'avant-garde et qui s'étaient sacrifiés pour la sauvegarde de la République », avait-il ajouté au moment où il montait sur le podium. Hélas ! En Algérie, on reproche aux journalistes leur « excès de plume » au lieu de leur faire honneur.