La place du 1er Novembre, située en plein centre de Sidi Lakhdar (20 km à l'est de Aïn Defla), voit défiler chaque jour des centaines de citoyens, dont le nombre atteint parfois les 500. Ces derniers viennent des régions les plus reculées de la wilaya en quête d'un travail payé à la journée qui consiste à charger de la pomme de terre à partir des lieux de stockage jusqu'aux moyens de transport. Soulignons que la plupart de ces hommes ont en charge des familles nombreuses.On trouve également parmi eux de jeunes adolescents et même des enfants, selon nos interlocuteurs. Sur place également des camions sont en stationnement. Ils viennent de Sétif, Bordj Bou Arréridj, Tlemcen, Tiaret, Médéa... L'objectif pour les commerçants est de négocier et prendre les chargements de pommes de terre. Quant aux fellahs, ils constituent le maillon fort de cette activité et ils sont nombreux, parfois plus d'une centaine, sur les lieux à la recherche d'une main-d'œuvre à bon marché. Enfin et pour servir d'intermédiaire entre les transporteurs, les commerçants et les fellahs, une vingtaine de courtiers - ces derniers, selon les propos de l'un d'eux, peuvent gagner jusqu'à 3000 DA la journée, ou retourner parfois bredouille à la maison. Quand tout ce monde se met d'accord, les ouvriers embarquent dans les camions, souvent debout serrés les uns aux autres, exposés au froid, à la pluie ou à la chaleur ainsi qu'aux dangers de la route. Après l'accomplissement de leur besogne, ils perçoivent 200 DA, mais, parfois dira un jeune adolescent, elle n'excède pas 50 DA. Cela dépend de la marchandise. En effet, faut-il le souligner, cette activité est plus importante selon la saison et en fonction les stocks disponibles. En ce moment ce n'est pas le cas, et l'attente de beaucoup de journaliers peut être vaine. Les citoyens nous ont fait part de leurs préoccupations liées aux difficultés de joindre les deux bouts, mais surtout à la précarité de leur quotidien qui dépend uniquement de la pomme de terre, interpellant les pouvoirs publics pour se pencher sur leur sort, car, dira l'un d'eux, « on veut bien bénéficier des différents plans de développement local et avoir des emplois permanents ». Les fellahs, quand à eux, se plaindront du prix excessif, selon eux, du transport qui coûte 1200 DA le trajet, surtout après les récentes augmentations du prix de l'essence.