De notre correspondant à Aïn Defla Madani Azzeddine La viande blanche qui était à la portée des petites bourses ne l'est plus depuis un certain temps à cause des augmentations des prix enregistrés ici et là dans de nombreux marchés de la région centre du pays. Cette augmentation vient ainsi de prouver que la filière avicole connaît réellement ces derniers mois une perturbation inquiétante, laquelle pousse à réfléchir sur les décisions à prendre pour développer et réguler le marché national dans ce segment productif. Le constat sur le terrain est clair : les prix sont passés à 200 DA/kg, voire 240 DA dans la wilaya de Aïn Defla. Cette différence de prix varie d'une commune à une autre. Le chef-lieu de la wilaya observe, quant à lui, régulièrement des augmentations un peu exagérées par rapport aux autres communes. A 25 km à l'est, le poulet coûte entre 190 et 200 Da/kg, il peut être cédé à un prix inférieur à Sidi Lakhdar et à Arib. Le citoyen peut donc l'acheter moins cher à chaque fois qu'il se rapproche des zones rurales et éloignées où la spéculation ne gagne pas du terrain. Cette augmentation des prix est le deuxième épisode depuis celle de novembre 2008. Une période durant laquelle le poulet était cédé à plus 300 DA/kg contre 12 DA l'œuf. Auparavant, l'augmentation était due aux charges importantes des éleveurs, en particulier celles liées à l'aliment, passé de 2 300 à 4 800 DA le quintal, au prix du poussin d'un jour qui a grimpé aussi pour passer de 30 à 50 DA ainsi qu'à la diminution de la production (suite à la fermeture de nombreux producteurs). Même les charges fiscales ont augmenté. Qu'est-ce qui explique cette nouvelle hausse ? Selon certains éleveurs interrogés à ce sujet, les arguments sont presque identiques à ceux de novembre 2008. La variation des prix de l'aliment joue aussi un rôle dans cette augmentation d'autant plus que le prix qui était de 2 000 DA/q a atteint 2 400 DA puis 2 800 et 3 000 DA pour osciller, aujourd'hui, entre 3 400 et 3 000 DA. Il faut, entre autres, reconnaître qu'en l'absence de chiffres exacts sur cette filière, la production a considérablement baissé depuis l'été dernier selon des éleveurs. D'après un bilan provisoire, la wilaya de Aïn Defla a connu, ces dernières années, une baisse sensible dans la production avicole. Une baisse expliquée par la diminution des structures. La wilaya qui comptait 800 producteurs ne dispose aujourd'hui, en effet, que de 542 unités et peut-être moins en service, soit de près de la moitié des unités qui a mis la clé sous le paillasson en raison des difficultés financières déjà signalées. Ce qui s'est soldé en un espace de temps très court, par la réduction de l'offre sur le marché. L'autre désagrément mis en exergue est lié à la nature de l'aide accordée aux producteurs de cette filière. Le soutien financier est jugé dérisoire par les aviculteurs. La commission de l'agriculture et de l'hydraulique relevant de l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) a, pour sa part, signalé après constatation sur le terrain, dans son rapport établi en mars 2008, que les éleveurs ne cessent de dénoncer l'augmentation des prix des aliments et du traitement après l'augmentation de la matière première importée. De plus, ce rapport, venu pour tirer la sonnette d'alarme sur une éventuelle perturbation de la production, a confirmé que les éleveurs dans cette filière rencontrent des difficultés énormes et risquent de perdre leur capital financier à cause de ce type d'élevage nécessitant le suivi régulier du vétérinaire. Face à cette situation, cette commission a recommandé, entre autres, à l'unité de production de volaille de la commune de Bir Ouled Khelifa, qui produit plus de 1 million d'unités/an, d'alimenter le marché local et de nombreuses structures par des contrats. Des dispositions ont été prises pour développer cette filière à l'horizon 2014 d'autant plus que, dans le domaine des potentialités et de la production agricole, la wilaya de Aïn Defla est en bonne position à l'échelle nationale sachant qu'elle couvre 80% des besoins en produits agricoles du pays. Elle se classe aussi en 5e position dans les viandes blanches avec 143 000 q. Pour les objectifs tracés et qui doivent être réalisés avant la fin 2014, les services concernés prévoient de produire 180 000 q de viande blanche, soit une augmentation de plus 40 000 q. En somme, cette planification à l'horizon 2014 prévoit sûrement des dispositions visant à développer cette filière longtemps abandonnée.