Le FLN a organisé hier un débat ouvert sur l'expérience médiatique en Algérie, au Centre international de presse à Alger. Devant les cadres et les ministres du parti, des universitaires et un parterre de journalistes, Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général du FLN, a souligné, à l'occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, l'importance d'une presse libre dans l'instauration d'un Etat démocratique en Algérie. Pour lui, la liberté de la presse constitue « un élément essentiel et un facteur principal dans la pratique démocratique ». Le chef en second du FLN a, toutefois, lié cette liberté à la nécessité de mener une action à même de changer les mentalités, chose sans laquelle la liberté d'expression pourrait devenir « un outil de destruction des valeurs et des constantes nationales ». Poursuivant son discours, M.Belkhadem a appelé les journalistes à « ne pas faire de leur métier une source pour alimenter l'intégrisme, la violence, ou porter atteinte à la dignité d'autrui et aux symboles de la nation ». Selon lui, la liberté d'expression exige de la presse nationale « plus de professionnalisme et de grands sacrifices pour faire éclater la vérité et promouvoir la justice et les droits de l'homme ». Insistant sur le fait que la presse est « le garant du respect de la liberté et son plus noble défenseur », le chef en second du FLN se déclare « conscient des pressions exercées quotidiennement sur les journalistes et les difficultés auxquelles ils sont confrontés pour accéder aux sources de l'information », tout en gardant un brin d'espoir que ces contraintes ne tarderont pas à disparaître avec la mise en application des réformes en vue. Un espace de rencontre « entre tous les intellectuels et les journalistes et une tribune pour la consécration de la culture du dialogue ». M. Belkhadem, sur sa lancée, affichera l'engagement des partis de l'Alliance présidentielle à faciliter la tâche aux journalistes « dans l'accomplissement de leur noble mission », loin de toutes pressions. Rappelant les sacrifices de la presse algérienne durant la guerre de Libération nationale et lors de la décennie rouge, avec plus 100 journalistes assassinés, il a appelé la corporation journalistique à poursuivre sa lutte en précisant que « la liberté d'expression ne se donne pas mais s'arrache ». Au fait de la réalité de la presse, le SG du FLN s'est donné à l'exercice des chiffres en indiquant qu'il y a, aujourd'hui, 45 quotidiens qui tirent à plus d'un million et demi d'exemplaires/jour. Comme on compte sur les étals l'existence de 48 hebdomadaires tirés à 622 000 exemplaires. S'ajoutent à cela 11 publications périodiques tirées à 600 000 exemplaires. Selon lui, de tels chiffres attestent du « degré de la liberté atteint par la presse algérienne ». Il ne doute pas qu'aujourd'hui l'Algérie « est très avancée par rapport à d'autres pays ». Pour sa part, le désormais ex-ministre de la Communication, Boudjemaâ Haïchour, devenu depuis le dernier remaniement ministre de la Poste et des Technologies de l'information et de la communication, est revenu sur le « rang particulier » du journaliste au sein de la société, tout en relevant un tas d'insuffisances et des manques à gagner en expérience. Abdou Bouziane, journaliste et ancien directeur général de la Télévision algérienne, est revenu de son côté sur l'expérience audiovisuelle de l'Algérie. Etant la seule télévision en Algérie, l'ENTV est, selon lui, « juge et partie », déplorant l'absence, comme c'est le cas dans les pays avancés en démocratie, d'outils de contrôle et de supervision du travail de ce média lourd. « Si l'Algérie est parmi les plus parabolés au monde, c'est parce que le téléspectateur algérien n'est pas satisfait du programme de l'ENTV », a-t-il souligné en insistant sur la nécessité de l'ouverture du champ audiovisuel à la concurrence.