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BELKHADEM VIOLE LES ORDRES D'OUYAHIA
Publié dans Liberté le 09 - 11 - 2003

Le coordinateur du mouvement de redressement du FLN l'affirme
“Nous sommes majoritaires”
Le mouvement, qui tiendra son congrès le mois prochain, revendique le ralliement de “plus de trois mille élus dont 75 députés.”
Le mouvement de “redressement” du FLN tiendra son congrès durant la seconde moitié du mois de décembre prochain. Son coordinateur, le ministre des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a affirmé, hier, lors d'une conférence de presse à Alger que la “situation évoluait en faveur du mouvement”. “Nous pouvons affirmer sans risque de nous tromper que la quasi-totalité des militants et des militantes ainsi que des élus nous ont rejoints. Naturellement, nous détenons la preuve matérielle de ce que nous avançons”, a-t-il souligné. Abdelaziz Belkhadem, refusant de commenter ni encore de répondre aux questions non liées à cette affaire du FLN, s'est gardé, durant toute sa conférence, tenue au Centre international de presse, de citer le moindre nom des personnes en conflit. Il s'est contenté de qualifier les différents protagonistes de “deux ailes opposées” à l'intérieur du FLN. “Nous sommes tous des enfants du parti et je m'interdis de dénier le droit et la qualité de militant à quiconque”, a-t-il signifié.
Le coordinateur des “redresseurs” s'est voulu, en fait, respectueux des hommes et des procédés. Il s'est voulu aussi, par sa relative sérénité et son apparente maîtrise des données et des événements, rassurant par rapport à son propre camp. À l'occasion, en tout cas, il a pris le soin de préciser, par la force de la répétition, que le but du mouvement était bien de parvenir à invalider le VIIIe congrès (qui a plébiscité Ali Benflis et l'a conforté à la tête de l'ex-parti unique) par l'organisation d'un “congrès unificateur où la pratique démocratique – en matière d'élection des instances exécutives et d'établissement de la ligne politique — serait consacrée”. Abdelaziz Belkhadem revendique aujourd'hui “le ralliement de plus de trois mille élus dont 75 députés”. Visiblement réconforté par ces chiffres, démentis par la direction actuelle du FLN, il s'est mis à narguer Ali Benflis : “S'il veut organiser lui-même ce congrès unificateur, nous disons que nous sommes tout de suite preneurs.”
Concrètement, les “redresseurs” tentent d'imposer la légitimité du VIIe congrès afin de procéder à la réélection de toutes les instances (comité central, bureau politique et secrétariat permanent) “de manière démocratique et éviter l'exclusion et la marginalisation dont se sont rendus coupables Benflis et son équipe”. Ils tentent donc de situer le débat au strict plan politique, ignorant même superbement les efforts déployés en vue d'obtenir le rejet juridique du VIIIe congrès. “Le verdict de la justice ne nous concerne pas, a dit Belkhadem, en ce sens que nous n'avons pas déposé de plainte en justice. Notre mouvement restera actif jusqu'à la tenue d'un congrès unificateur.”
Dans ses réponses aux journalistes, comme dans sa brève déclaration linéaire, le chef de la diplomatie algérienne est resté souriant et disponible. Mais pas forcément convaincant. Comme lorsqu'il soutient que Abderrazak Bouhara ne représente pas la troisième voie : “Nous sommes en contact avec lui et je puis vous assurer que nous sommes une même voie.”
Aussi, n'a-t-il pas pu justifier ses activités partisanes durant les jours ouvrables (la conférence de presse d'hier, à titre de coordinateur des “redresseurs”, en est la preuve), s'évertuant, en effet, simplement à les assumer. “La fonction gouvernementale n'exclut pas l'activité politique”, a-t-il indiqué, faisant fi de l'instruction du Chef du gouvernement Ahmed Ouyahia. Il est vrai que M. Belkhadem a relégué son rang de ministre d'Etat à une seconde position par rapport à sa militance partisane (“je suis militant avant d'être ministre”). Il a, dans son argumentaire, cité l'exemple des démocraties occidentales où “les ministres s'adonnent aussi à des activités politiques et partisanes sans soulever de contestation ou de vague”.
Politiquement, le coordinateur du mouvement de “redressement” du FLN a nié tout lien entre l'action de redressement et la prochaine élection présidentielle. Selon lui, “toutes les accusations tendant à liguer le mouvement à des calculs électoralistes ne sauraient en aucun cas le déconsidérer. Nous le répétons : il s'agit d'un mouvement de contestation interne”. “La contestation, a-t-il ajouté, j'en fais depuis des années. J'avais dit lors du VIIe congrès, en 1995, que le FLN ne croyait pas en un conflit de génération ni en la rupture ; et qu'il n'était pas une monture ni une vache à traire”. La déviation, d'après lui, a commencé au cours de ce congrès, dont Abdelkader Hadjar tire aujourd'hui encore la paternité (le fameux “coup d'état scientifique” qui a permis de “déposer” Abdelhamid Mehri au profit de Boualem Benhamouda).
Abdelaziz Belkhadem, qui a refusé de commenter le bilan du président Bouteflika “en dehors des structures du FLN”, s'est interrogé sur les velléités d'implication de l'armée dans des considérations anticonstitutionnelles : “Je ne comprends pas pourquoi on doute toujours de la neutralité de l'armée alors même que le chef d'état-major, Mohamed Lamari, l'a clairement exprimée ?!”. À propos des déclarations du général Khaled Nezzar, dans son entretien au Soir d'Algérie, Belkhadem a promis de répondre à titre privé.
Il a néanmoins confirmé avoir eu, en mars 1993, avec la délégation du FLN, une rencontre “chaude” avec les membres du HCE et qu'il a parlé de la “position du parti sur la crise en présence de nombreux invités, à l'ambassade d'Iran notamment. Je confirme ce que j'ai toujours affiché : ma conviction de réconciliation nationale, laquelle, à l'époque, était un sujet interdit”.
Lyès Bendaoud
Après la rencontre régionale des “redresseurs” de jeudi
Medjahed dénonce les “contrevérités” de Belkhadem
La direction légale du Front de libération nationale (FLN) est piquée au vif par les assertions du coordinateur du mouvement de “redressement”, Abdelaziz Belkhadem, tenues, jeudi, à Sétif, lors de la rencontre régionale des élus de 9 wilayas de l'Est. Rencontre où il a soutenu que la direction du FLN a accepté le principe de la tenue “d'un congrès de la réconciliation” après l'élection présidentielle. Assertion infirmée catégoriquement et avec une rare virulence par le porte-parole du parti du FLN, M. Abdeslam Medjahed. Dans une déclaration, ce dernier a accusé Belkhadem, qu'il a qualifié de “prétendu coordinateur du pseudo-mouvement de redressement”, d'avoir “distillé à partir de Sétif des informations tendancieuses visant à tromper l'opinion publique”. Enfonçant un peu plus le clou, Medjahed chargera davantage le “redresseur” en chef auquel il reproche de s'atteler “à la triste, peu honorable et vaine besogne de déstabilisation du parti du FLN”. Cette tentative de M. Belkhadem d'“induire, une nouvelle fois en erreur”, l'opinion publique s'explique, estime Medjahed, par “le peu d'écho que reçoivent ses initiatives vouées à un échec de plus en plus cuisant”. Pour lui, les militants et les élus du FLN “ne manquent aucune occasion pour réaffirmer leur attachement aux résolutions du VIIIe congrès et leur fidélité à la direction élue du parti” et “se sentent parfaitement en phase avec la ligne politique du Parti et de sa direction”. Aussi, il considère l'idée d'un congrès de la réconciliation “surannée” et “vide de sens”. Et d'enchaîner : “Ce concept aux allures généreuses ne peut cacher les véritables desseins de ceux qui sont prêts à utiliser tous les stratagèmes, y compris recourir aux contrevérités pour satisfaire les appétits de pouvoir de leur commanditaire, et qui ont eu grandement besoin de se réconcilier avec les règles de la démocratie et de la pratique noble de la politique.” Confiant, Medjahed considère que “l'agitation conjoncturelle et de circonstance des chargés de missions et des opportunistes de tout bord” ne peut en aucun cas ébranler l'“assurance et la sérénité” des militants du FLN à poursuivre “la démarche qui vise la modernisation de leur parti”.
Par ailleurs, le secrétaire général du FLN, Ali Benflis, a qualifié, dans un entretien paru vendredi dans le journal londonien Al Hayat, le mouvement chapeauté par Abdelaziz Belkhadem de “hors la loi” à la disposition duquel tous les moyens de l'Etat sont mis pour mener à bien sa mission de “casser le FLN”. Allant droit au but, Benflis s'est départi de sa réserve habituelle pour accuser ouvertement le Président-candidat d'être le “maître d'œuvre” de cette campagne d'intimidation à l'encontre du FLN et de ses militants, en recourant à “des pressions de tout ordre, à l'instrumentalisation de l'administration et à toute une série d'actes contre la démocratie et le pluralisme politique”. Mais, si cette campagne s'inscrit dans la durée, Benflis a averti qu'il ne restera pas dans une “attitude de spectateur”. Se permettant une autre pointe à l'adresse de Bouteflika, Benflis a soutenu que “Le Président-candidat n'a toujours pas pris conscience que l'Algérie a changé, que le peuple algérien a changé et qu'il n'est plus possible de gouverner de manière autocratique”. En outre, le secrétaire général ne veut nullement entendre parler d'une quelconque autre réconciliation que celle de l'Algérien avec son Etat. Ce serait certainement là un des axes fondamentaux de sa prochaine campagne électorale pour la présidentielle d'avril 2004.
Arab Chih
Le parti réagit à l'annonce de désertions dans ses rangs
“Ce sont de pures affabulations”
Le porte-parole du Front de libération nationale (FLN), Abdesslem Medjahed, qualifie les allégations de Abdelaziz Belkhadem, coordonnateur du mouvement de “redressement”, de simples “affabulations” qui participent, selon lui, au mieux, de la “guerre psychologique”, au pire, du mensonge. Le ministre d'Etat, ministre des Affaires étrangères, devenu depuis le 4 septembre chef de file du mouvement de “redressement”, une structure sans existence légale, pour organiser un congrès bis du FLN, a annoncé hier, lors d'une conférence de presse, que 75 députés et près de 3 000 élus ont déserté les rangs du FLN. Des chiffres qu'essuie d'un revers de la main Abdesslem Medjahed, joint hier par téléphone : “Ce n'est pas vrai, ce ne sont que des mensonges !” “C'est une guerre psychologique”, dit-il avant de se demander si “c'est avec des mensonges qu'on espère construire le pays et les institutions”. Selon lui, seulement une trentaine de députés ont quitté officiellement les rangs du parti pour rejoindre le mouvement de “redressement”. Mieux encore, à se fier à ses dires, en dépit des pressions multiformes dont les blocages des salaires pour certains et autres tentatives de corruption par des promesses mirobolantes pour d'autres, la majorité des élus est restée fidèle à la ligne de Benflis. “Comment voulez-vous que les gens suivent quelqu'un qui chapeaute un mouvement illégal et qui souffre d'un manque criant de crédibilité”, affirme Medjahed pour qui Belkhadem n'est qu'un simple chargé de mission, s'occupant de la propagande et suivant des ordres. Des ordres, on les aura sans doute devinés, qui émanent du Président-candidat. “Ce Président-candidat qui utilise les moyens de l'Etat pour ses objectifs, ça devient franchement dangereux pour le pays”, rappelle le membre du bureau politique du FLN. Mais, comme de coutume, le FLN autant que sa direction promettent à Belkhadem et consorts une retraite dans la “poubelle de l'Histoire”. “Son destin est lié à celui de Bouteflika…”, ironise enfin Medjahed.
KARIM KEBIR
Il tient une conférence de presse en dépit de l'instruction du Premier Ministre
Belkhadem défie Ouyahia
Le chef de la diplomatie a, en passant outre les règles gouvernementales, troqué hier sa qualité de représentant de l'Etat contre celle du politique politicien. Une dérive à haut risque.
L'organisation par Abdelaziz Belkhadem, hier, d'une conférence de presse sous la bannière des “redresseurs” du FLN, au Centre international de presse, pose un sérieux problème d'éthique politique. Le chef de file du mouvement dit de “redressement” du FLN ne s'est aucunement gêné pour venir rencontrer les journalistes par un premier jour de semaine.
En l'occurrence, Belkhadem “le redresseur” semble maintenant avoir largement pris le dessus sur le ministre. C'est, incontestablement, une façon bien singulière de faire de la politique, même s'il demeure entendu que Belkhadem a parfaitement le droit d'activer pour son parti. Se livrer corps et âme à une cause, fût-elle bonne, cadre pour autant très mal avec la mission, ô combien sensible, confiée à notre chef de la diplomatie dans la hiérarchie étatique.
Et tout porte à croire que Belkhadem ne rend compte à personne au gouvernement, pas même à son premier responsable, Ahmed Ouyahia. La preuve ? Le Chef du gouvernement a été contraint de “pondre” une instruction, ces deniers jours, enjoignant à tous les ministres de ne pas se livrer à des activités partisanes pendant les jours ouvrables. Et Belkhadem vient d'outrepasser royalement cette mesure conservatoire de Ouyahia en organisant sa sortie médiatique un samedi, alors qu'il est censé être dans son bureau au palais d'El-Mouradia.
Cette manière de faire déteint, ipso facto, sur la réputation et la pérennité de l'Etat qui en prend un coup. Au-delà des implications de la guéguerre que se livrent les protagonistes du FLN pour en contrôler l'appareil, il est à craindre que cela n'affecte dangereusement les institutions de l'Etat. Belkhadem qui a été interpellé, hier, par les journalistes sur sa conférence, tenue un samedi, a eu cette réponse sibylline : “La fonction gouvernementale n'interdit pas l'activité politique.” Si, en théorie, Belkhadem, qui se présente sous une double casquette, a parfaitement raison de dire que les deux fonctions ne sont pas contradictoires, il évite soigneusement de noter l'impossible jumelage de deux missions en même temps. En effet, le bon sens voudrait que le ministre prenne de la hauteur par rapport aux luttes politiques qu'il est appelé à mener. Or, dans le cas des ministres “redresseurs”, le procédé est flagrant et le mélange des genres est frappant.
L'excès de zèle de certains leur fait oublier qu'ils doivent servir l'Etat algérien et non pas Abdelaziz Bouteflika en quête d'un second mandat. Sans juger du bien-fondé du combat que mènent Belkhadem et ses amis “redresseurs”, il ne doit pas néanmoins se servir de sa qualité de ministre de la République pour réaliser ses desseins politiciens. Cette façon de faire dégage malheureusement une piteuse image de la fonction gouvernementale réduite à servir d'appoint à un activisme politique.
Ahmed Ouyahia a beau tenter de rappeler à l'ordre ses ministres, ces derniers répondent par un surcroît d'engagement politique au côté du Président. On s'en souvient, le même Ouyahia avait instruit les ministres FLN de ne pas “activer” dans leur parti durant les jours ouvrables. Certains d'entre eux ont d'ailleurs payé cash leur “indiscipline”. Faut-il donc sanctionner Belkhadem qui organise des conférences de presse, tient des conclaves et reçoit des personnalités au vu et au su de tout le monde ? La crédibilité des institutions de l'Etat est largement engagée dans cette affaire où – incroyable retour du refoulé — on assiste à la résurgence du parti-Etat qui avait tant fait mal au pays. L'élection présidentielle d'avril 2004 est-elle à ce point importante pour qu'il faille porter un coup de grâce à un pays qui essaye juste de sortir la tête de l'eau ?
H. M.
Une sortie au ton rassembleur
Les vessies et les lanternes
Abdelaziz Belkhadem, que l'on dit “désigné d'autorité” par Bouteflika pour prendre la tête du mouvement de “redressement”, parce qu'il est son homme de confiance, pour ne pas dire son affidé, avait jusque-là quelques réticences à assumer franchement la casquette de leader putschiste. Il est vrai qu'en étant chef de la diplomatie, vitrine du pays par excellence, il se serait bien passer de cette mission qui l'oblige à montrer désormais le bout de son nez, lui qui a si bien réussi à demeurer en circuit grâce à ses positions en clair-obscur. Sa sortie d'hier au Centre international de presse s'inscrit plutôt dans un registre psychologique.
Belkhadem devait sortir pour occuper l'espace médiatique qui, pour le moment, fait la part belle à la direction du parti issue du VIIIe congrès. Il s'agit aussi, à travers ce redéploiement, de booster le moral des troupes qui commencent à être gagnées par le doute. Car, les échos venant de l'intérieur du pays ne sont pas bons. Les rencontres organisées un peu partout, en vue de ratisser large, de fédérer tous ceux qui ont des griefs contre Ali Benflis et son équipe, tournent au bide. En témoigne ce qui s'est passé, vendredi, à Constantine où quatre pelés et un tondu ont daigné venir à ce qui devait être, au départ, un grand rassemblement régional. Il s'agit donc pour le chef de file des “redresseurs” de tenter de renverser la vapeur et de faire croire que la dynamique de contestation continue de s'élargir. Il a même avancé le chiffre de trois mille élus, toutes instances confondues, qui auraient rejoint le rassemblement avec armes et bagages. Mais au-delà de ses réponses, qui n'en sont pas d'ailleurs, tant elles dégoulinaient la langue de bois, Belkhadem a tenté de faire croire que l'action de son groupe n'a strictement rien à voir avec le président Bouteflika.
À le suivre dans son argumentaire, l'objectif des anti-Benflis est de remettre le parti sur les rails, considérant les velléités de modernisation et de rajeunissement initiées par Ali Benflis comme une trahison de la ligne “authentique du parti”. “Comment se fait-il que ceux qui appelaient, il y a quelque temps, à mettre le FLN au musée se retrouvent à soutenir la direction actuelle ?”, s'interroge-t-il avec un air entendu. Pour Abdelaziz Belkhadem, le soutien de la presse indépendante au chef actuel du FLN est la preuve par neuf que le parti est en rupture de ban avec sa matrice idéologique orthodoxe. “Au FLN, nous ne croyons pas aux ruptures, ni au conflit de générations”, clame-t-il, en prêchant la réconciliation entre tous les militants du FLN. Belkhadem se met ainsi dans la peau d'un chef rassembleur, uniquement animé par le souci de sauver le “chaml” du parti. Et d'ailleurs, il n'a pas manqué de lancer, à nouveau, l'invitation à Benflis pour venir assister au prochain congrès. “S'il est élu, je suis le premier à aller le féliciter”, promet-il. Ces accents rassembleurs, dans le discours de Belkhadem, sont en fait un ultime appel du pied aux militants pour prendre le train des “redresseurs”.
Mais ils hésitent et c'est normal, car la destination ne peut être nulle part. Or, au FLN, on est toujours avec celui qui a les faveurs du vent. Et c'est manifestement le cas pour Ali Benflis.
N. S.


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