Photo : Sahel Par Amar Rafa L'expérience démocratique -multipartisme et pluralisme médiatique- est-elle en régression en Algérie ? C'est la question qui était au centre des débats lors d'une journée d'étude organisée hier au club du FLN, en présence de Abdelaziz Belkhadem, secrétaire général de l'instance exécutive du parti, et qui a vu la participation d'académiciens, d'universitaires et de représentants de formations politiques. Après une brève allocution de présentation par M. Belkhadem, qui a restitué le contexte de cette conférence, affirmant qu'elle intervient après vingt ans de multipartisme, c'est autour d'un député de Laghouat de fixer les termes du débat. D'emblée, il brossera un tableau noir de l'expérience du multipartisme, accusant les partis d'être partie prenante de la crise. Ce pavé lancé dans la mare, il suggérera à l'endroit des formations politiques des idées pour assurer le succès du multipartisme. A commencer par la nécessité de changer les méthodes et de s'éloigner des discours populistes, et, à la lumière des événements de 1988 et de 1991, de s'éloigner de la violence. Idem pour les moyens d'information qui doivent s'abstenir d'être des formations politiques, pour enfin affirmer que 2013 sera un indicateur sur la situation du multipartisme. Abordant l'expérience démocratique en Algérie à travers les textes de loi, notamment la Constitution, le sénateur Lazhari Bouzid indiquera que la conception de la démocratie dans la Constitution de 1996 est l'émanation de la déclaration du 1er Novembre, qui évoquait la fondation d'un Etat sur les principes de démocratie, de justice sociale et de l'islam, conformément aux nouveaux développements sur la scène internationale. Selon lui, «la démocratie a souffert des circonstances du monopartisme autant que des différents changements induits par le multipartisme». Le constat n'est pas meilleur en ce concerne le pluralisme médiatique, au sujet duquel Ahmed Hamdi, un universitaire, fera un parallèle entre la liberté de pensée durant l'ère du parti unique et la profusion des titres ayant marqué l'ouverture démocratique du pays, marquée par le manque de professionnalisme et l'émergence d'une presse d'opinion et de sensationnel. Cette tendance au sensationnel est dictée, selon ses dires, par le fait que la presse privée est soumise aux règles de la commercialité et qu'elle dépend des recettes de la publicité. Pour Abdellali Rezagui, universitaire également, le multipartisme est en pleine régression, puisque aucun parti n'a été agréé depuis 10 ans, et que pluralisme médiatique est confronté à l'amenuisement des ressources financières suite aux tours de vis opérés par les annonceurs publics et privés. Le relayant, Abderrazak Mokri, du MSP, a abordé la question de l'alternance démocratique au sein des partis, affirmant que le fait que les candidats ne se bousculent pas pour la candidature à la présidentielle et la hantise de l'abstention sont autant d'indications de la crise que connaît le pays. Plus catégorique, un intervenant relèvera l'absence de démocratie au sein des partis, soulignant que certains, une fois au pouvoir, sont tentés par le retour au monopartisme. Il se demandera s'il existait des partis politiques, au sens propre, en Algérie. Ces craintes seront balayées par l'intervenant qui lui succédera, réfutant le retour à la situation antérieure au multipartisme en prônant des pratiques politiques pour une démocratie réelle.