Fini l'état de grâce, le régime tunisien est désormais sous l'œil vigilant de l'Occident. Après leur inquiétude exprimée au lendemain de la réélection sans surprise du président Zine El Abidine Ben Ali pour un quatrième mandat, des ONG relancent les activités et les missions afin d'amener le régime tunisien à lâcher du leste. En prévision du sommet mondial de la société de l'information prévu en novembre 2005 à Tunis, trois organisations internationales de défense des droits de l'homme, à savoir Droits et démocratie, la Fédération internationale des ligues des droits de l'homme (FIDH) et l'Organisation mondiale contre la torture (OMCT), ont appelé, hier, les autorités tunisiennes à tout mettre en œuvre pour respecter les droits de l'homme. Les trois ONG exigent, entre autres, la reconnaissance des ONG tunisiennes, la levée des poursuites judiciaires à l'encontre de leurs membres, la libération des personnes condamnées de manière arbitraire ainsi que les prisonniers d'opinion du mouvement Ennahda, la libre circulation de l'information, notamment l'accessibilité des sites Internet à contenu politique ou relatif aux droits de l'homme, une réforme du code de la presse... Des experts des trois associations ont effectué, du 25 au 28 janvier 2005, une mission d'investigation sur les droits de l'homme en Tunisie. Au cours de leur séjour, ils ont pu avoir des entretiens avec leurs homologues locaux, notamment ceux de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH). Dans leur rapport, les experts ont fait part de leurs « graves préoccupations quant à la capacité ou la volonté des autorités tunisiennes de respecter leurs engagements au regard du droit international ». Contenant des critiques au vitriol, le texte énumère les cas de détention arbitraire, de harcèlement judiciaire, de censure... Par ailleurs, le régime tunisien paraît perdre les faveurs d'un allié de taille, les Etats-Unis. Plusieurs ONG américaines, notamment Freedom House, dont les rapports sont considérés au pied de la lettre par l'administration Bush, ont multiplié durant ces derniers mois les missions d'inspection en Tunisie. Un bureau du MEPI (Initiative de partenariat avec le Moyen-Orient), ayant pour mission la formation des personnels parlementaires, des journalistes, a ouvert ses portes l'été dernier à Tunis. Au lendemain de la réélection du président Ben Ali, en octobre 2004, le département d'Etat américain avait rendu public un communiqué dans lequel il a appelé à l'ouverture du champ politique. La demande a tétanisé le pouvoir tunisien. Selon des opposants tunisiens, l'invitation adressée par Ben Ali au Premier ministre israélien Ariel Sharon n'est qu'une vaine manœuvre pour s'attirer la bénédiction des Etats-Unis.