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Des Chinois à Adrar
Projet de la raffinerie du sud-ouest
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2005

Le Boeing 737/800, qui relie en cette fin d'après-midi Alger à la ville d'Adrar, n'est pas plein. A 18 600 DA (aller-retour), le prix du billet n'est pas à la portée de tout le monde. Tous les Adraris se plaignent. Au fil du temps, ils ont observé impuissants la montée vertigineuse des prix.
Du coup, le transport par route vers Alger ou Oran commence à se développer. A raison d'environ 1800 DA, on rejoint Alger par Ghardaïa. C'est dans ce genre de situation qu'on regrette l'absence du train. Un moyen qui aurait pu aider à faciliter le déplacement et ouvrir davantage le grand Sud aux autres régions du pays. Adrar se développe très rapidement. Une nouvelle ville est venue élargir le tissu urbain. L'électricité est partout présente y compris à travers les ksour. En ville, l'eau est disponible quotidiennement jusqu'à une heure tardive de la nuit. Le gaz de ville est disponible et le taux de pénétration est appréciable : plus de 60%. Le nouveau centre d'enfûtage du GPL a réglé beaucoup de problèmes. Avant, l'enfûtage se faisait à Hassi Messaoud. Mais tout ce charme semble rompu par ce que d'aucuns appellent la catastrophe du parpaing. Pour construire vite, on a utilisé du parpaing depuis une quinzaine d'années. Du coup, le matériau s'est érigé en véritable signe d'ascension sociale pour l'opinion. Mais si le parpaing permet de construire vite, il est à l'origine de factures salées d'électricité. En été, il réchauffe l'intérieur des maisons et en hiver il le refroidit. Du coup, la consommation d'électricité peut être multipliée par 4, selon des calculs approximatifs. Les températures sont trop élevées pour la saison cette année en cette fin avril à Adrar. Tous les habitants de la région sont unanimes à le dire. En cette fin avril, il y a près de 10 degrés de plus par rapport à la normale (44 degrés). Si pour le moment quelques milliers de touristes étrangers visitent le Touat, l'avenir réserve un nouveau destin à la région. Et la raffinerie que les Chinois construisent dans la commune de Sbaâ (à une trentaine de kilomètres d'Adrar) n'est que le début d'un processus qui va faire d'Adrar une nouvelle province gazière. Gaz de France est déjà sur la cuvette de Sbaâ tout près d'Adrar où seraient en place près de 170 milliards de mètres cubes de gaz. Total prospecte du côté de Béchar. La compagnie norvégienne Statoil est à Hassi Mouina à 160 km au nord-est de Timimoun. La compagnie espagnole Repsol a confirmé la découverte de gaz sur le périmètre de Reggane Nord où d'importantes découvertes de gaz ont été réalisées par Sonatrach. Le géant Shell vient de gagner en avril le périmètre de Reggane Djebel Hirane et celui de Zerafa dans le bassin de Gourara. Le premier projet qui pourrait démarrer est celui de Gaz de France à Sbaâ. Le wali d'Adrar, Mabrouk Belouz, estime que la raffinerie constitue le démarrage pour un tissu industriel. « Pour nous, cette unité, c'est un démarrage pour un tissu industriel », nous confie-t-il. En matière d'emploi et pour éviter les problèmes qu'ont connus d'autres villes du Sud pour le recrutement de la main-d'œuvre locale par les sociétés étrangères, les autorités ont pris leur précaution. Pour le wali, « la première décision a consisté à prendre il y a une année et demie un arrêté qui interdit toute sous-traitance de l'emploi dans la wilaya ». Du fait de l'absence d'un bureau de main-d'œuvre, « on a installé des commissions de l'emploi composées de chômeurs, d'élus, de représentants des quartiers » pour traiter les offres d'emploi, nous précise le wali. « Ça nous a réglé un énorme problème », nous assure-t-il. En dernier ressort, c'est le tirage au sort fait en public qui départage les candidats. En matière d'emploi, le projet va induire 1200 postes de travail. Un appel au recrutement a déjà été lancé pour la formation sur le site. La priorité est donnée aux communes de Sbaâ, d'Adrar et de Tsabit. Pour le wali « l'avantage à Adrar, c'est que tout est à créer et peut-être que la raffinerie, c'est le déclic d'un tissu industriel ». De plus, ajoute-t-il, « une industrie pétrochimique, ça veut dire qu'il y a une économie nouvelle ». Le projet a, semble-t-il, déjà donné des résultats. Selon le wali, les demandes de projets CALPI ont augmenté depuis deux ans. Ces demandes concernent le secteur des transports, les dépôts de carburant, l'investissement immobilier, l'hôtellerie avec deux hôtels en projet. Les demandes d'investissements ont augmenté une fois le contrat pour la réalisation de la raffinerie finalisé. Concernant le parpaing, c'est l'absence de matériaux de construction qui a favorisé son choix, nous explique-t-on. La seule briqueterie qui existe est en contentieux avec la banque. Pour inverser la tendance du parpaing, la wilaya a agréé trois dossiers de briqueteries et a lancé la création de petites coopératives de jeunes (ANSEJ). Selon le wali, l'objectif est de lancer dans chaque ksar une unité de fabrication de BTS. Les Chinois se sont vite adaptés. Au début, ils louaient des maisons en ville. Maintenant, ils sont installés dans la base de vie provisoire qu'ils ont construite. Le soir, ils venaient s'installer dans la grande place du côté de l'hôtel le Touat à l'image de ce que font les habitants de la ville. Se mettre sur des tapis de fortune en sirotant du thé pour profiter de la fraîcheur des nuits du désert. Le président de la Chambre d'agriculture d'Adrar, Salem Baallal, parle de « catastrophe » quand on évoque avec lui les prix des fruits et légumes en ville.
Une année catastrophique pour l'agriculture
Le moindre produit est cédé à plus de 100 DA le kilo. « C'est une catastrophe », déclare M. Baallal. Les criquets et l'hiver rigoureux seraient les principales causes des pertes. « On n'a pas connu ça depuis près de 14 ans. Près de 80% des récoltes ont été perdus. C'est la tomate qui a été la plus touchée », nous précise-t-il. « C'est tombé en période de floraison et c'est ce qui explique les pertes », ajoute M. Baallal. A l'unité de recherche en énergies renouvelables en milieu saharien qui a une vocation nationale, Abdelkader Touzi, son directeur, nous explique que « du point de vue énergétique, la région est très prolifique ». « On a beaucoup d'idées comme celle de valoriser tous les déchets de la palmeraie » et « l'unité dispose d'un savoir-faire qui pourrait être mis à contribution », nous explique son directeur. Depuis 1988, il a été réalisé près de 650 km de balisage (panneaux qui servent à éclairer la nuit ) sur la route Reggane-Bordj Badji Mokhtar. Mais dans la région, le vol des panneaux solaires est devenu monnaie courante. « Ils sont exportés vers le Mali pour être revendus par des réseaux bien organisés », nous confie un cadre de la région. Pour le vol de panneaux, « il faut sécuriser l'installation », selon M. Touzi. « Les poser en hauteur et utiliser les tubes glissants qui empêchent les voleurs d'escalader l'installation. » Le président de l'APC de Sbaâ, qui nous accueille dans son bureau, arbore une mine radieuse lorsqu'on lui parle du projet de raffinerie. Sa mine s'explique par le fait que le projet aurait pu être installé dans une commune voisine, nous confie le directeur de l'industrie de la wilaya, Djamel Bentayeb, qui nous accompagne. Pour certains cadres de la wilaya, la commune de Sbaâ (près de 3000 habitants), qui est considérée comme l'une des plus pauvres en termes de ressources, risque de devenir l'une des plus riches grâce aux rentrées que va générer l'activité des hydrocarbures. Surtout avec les dispositions de la nouvelle loi. Près de 200 habitants de la région sont employés déjà dans l'activité d'exploration et la construction de la raffinerie. Les taxes, les allocations familiales, l'activité commerciale qui a augmenté... le GSM qui va être installé dans un mois... tout cela a été ramené par le projet, nous explique Larbi Bassa, le président de l'APC. Et ce n'est qu'un début. « Les emplois sont offerts en toute transparence par la commission créée par un arrêté du wali », nous indique M. Bassa. Du haut de ses 60 m de hauteur, la cheminée de la centrale de la raffinerie est visible à des dizaines de kilomètres à la ronde. La piste balisée par le gravât enregistre les va-et-vient incessant des gros camions qui ramènent les matériaux de construction. « Les conditions climatiques sont très dures et il y a un manque de main-d'œuvre qualifiée », nous explique Du Lin Ji, le responsable de la réalisation du projet. Dans la cabine climatisée qui sert de salle de réunion, les photos qui retracent l'évolution des travaux sont collés sur un panneau. Du Lin Ji a beaucoup travaillé sur des projets pareils en Chine et à l'étranger, nous explique le jeune traducteur chinois qui maîtrise l'arabe... Soudan, Kazakhtan, Malaisie, Indonésie...
Une future province gazière
Le chantier s'étend sur plusieurs dizaines d'hectares et la base vie a été mise en place au fur et à mesure : réfectoire, dortoir, salle d'eau, administration. Le pétrole, qui sera raffiné, sera ramené grâce à des canalisations d'une longueur de 100 km environ. Il est programmé pour alimenter la raffinerie en mars 2006. Pour certaines activités, l'état d'avancement des travaux en est déjà à 85%. « Les 8 bacs de stockage seront terminés en mai », nous précise l'un des responsables du chantier. La production de pétrole sera assurée grâce à des gisements qui recèlent 600 millions de barils. La capacité de la raffinerie a été fixée à 12 500 barils/jour. Elle doit alimenter les wilayas d'Adrar, Tamanrasset, Illizi et Béchar. Actuellement, le carburant est ramené par camions-citernes d'Arzew. Les vents de sable et les températures qui dépassent souvent les 40 degrés gênent beaucoup le travail, estime le responsable chinois. Les horaires de travail ont été adaptés. La plage horaire 12-16 h a été remplacée par la plage 18h 30-22h 30. Dans des conditions normales, le gain de temps pour le projet aurait été d'un tiers sur la durée. Après la signature du contrat en juillet 2003, les Chinois ont entamé le travail de prospection pour les matériaux de construction. Ils ont ensuite procédé au levé topographique, assurer la connexion de l'énergie électrique, tirer l'eau... L'investissement global pour le projet en partenariat intégré de l'amont avec la production du pétrole jusqu'à la raffinerie et la commercialisation des carburants s'élève à environ 360 millions de dollars avec 70% pour la CNPC et 30% pour Sonatrach. « Théoriquement et selon le contrat, la durée de réalisation est de 36 mois. Mais on nous a demandé de terminer la construction en 24 mois », nous explique le responsable du chantier. Tout le monde est mobilisé pour terminer en janvier 2006. La production, qui sera de 600 000 t par an, comportera 8 catégories de carburant y compris le kérosène. Le directeur du projet, Gao Jian Zhong, qui nous rejoint dans la salle de réunion, répond avec philosophie à la question de savoir quel sera le gain de la CNPC dans le projet. « Nous travaillons pour l'avenir », nous dit-il. Au siège de la SORALCHIN à Hydra (joint venture CNPC (70%)-Sonatrach (30%)), Djaffar Aït Younès, DG adjoint, évoque les mêmes problèmes que ceux exposés sur le chantier : « Les conditions climatiques et les problèmes de main-d'œuvre spécialisée. » Les 500 Chinois présents sur le chantier sont originaires du nord la Chine, d'une ville où les températures atteignent les -30 degrés en hiver. L'autre problème, c'est le manque de matériaux de construction. « Il faut ramener le sable de Timimoun », nous explique M. Aït Younès. A près de 200 km du chantier. « Pour maintenir la pression et avancer, on a fixé la date de janvier 2006 pour la livraison de la raffinerie même si officiellement le chantier a commencé en juillet 2004 avec le virement des 10 % d'avance au constructeur », nous confie M. Aït Younès. « Ces jours-ci, on doit renforcer le chantier avec de la main-d'œuvre qui va arriver de Chine et on verra plus clair en septembre », nous confie M. Aït Younès. Selon le même responsable, « le bilan global qui est fait indique que le chantier est à 50% de sa réalisation ». « Pour l'instant, on est dans les délais », estime-t-il. La partie amont du projet ne semble pas poser de problème particulier. Le PDG de Soralchin, Huang Yougzhawg présent au siège, a déjà dirigé la construction d'une raffinerie au Soudan. La Chine dispose de raffineries réalisées par des Chinois pour une capacité de plus de 100 millions de tonnes par an, nous explique-t-il. Elle dispose d'une expérience de plus d'un demi-siècle dans ce créneau. Les Chinois, qui se sont installés en Algérie grâce à ce projet, vont encore construire une raffinerie de condensât à Skikda d'une capacité de 5 millions de tonnes par an. Au nord du pays, la partie sera moins périlleuse pour une compagnie qui a aussi gagné plusieurs blocs d'exploration ces dernières années.


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