Le vol de téléphones mobiles prend de l'ampleur. Rien que depuis le début de l'année, ce sont près de 8000 puces (portables donc) qui ont été volées à travers le pays, selon Djezzy GSM, l'un des plus importants opérateurs de la téléphonie mobile avec plus de deux millions d'abonnés à l'échelle nationale. Alger reste, cependant, la région où le plus grand nombre de ces vols s'est produit eu égard à la forte concentration d'abonnés mais également du fait de l'importante population flottante qui y transite quotidiennement. Un tel constat est d'ailleurs d'autant plus vraisemblable qu'il ne se passe pas un jour sans qu'au moins une plainte de ce genre soit enregistrée au niveau de l'un des bureaux de la police judiciaire de la capitale. Pas moins de 620 plaintes ont été enregistrées au niveau des plus importantes sûretés de daïra d'Alger. Il s'agit des localités de Hussein Dey, de Bab El Oued et de Sidi M'hamed, où ce délit a été le plus répandu. Ainsi, si l'on se fie à ces chiffres, on déduit qu'au minimum quatre portables, si ce n'est plus, font l'objet de vol quotidiennement à Alger. Près de 44 le sont à l'échelle nationale. Cela sans compter le nombre de vols n'ayant jamais été déclarés auprès des services de police. Vol à la sauvette Quant au mode opératoire qu'utilisent ces délinquants ou plutôt ces criminels la plupart sont des repris de justice, c'est le vol à la sauvette. Parfois, ces voleurs, dont l'âge varie entre 13 et 38 ans, n'hésitent pas, pour délester la victime de son bien, de recourir à l'agression de celle-ci. Ce faisant, les rues et les quartiers Alger-Centre regorgent de ces malfaiteurs qui restent aux aguets dans l'espoir de dénicher une éventuelle victime, une fois que celle-ci fait usage de son portable. La victime est alors littéralement happée par ces voleurs qui, généralement, agissent en groupe de deux ou trois personnes. Leur sale besogne accomplie, ces voleurs, dont certains ne s'empêchent pas de s'a donner à la consommation de barbituriques (psychotropes) au moment du délit, prennent la poudre d'escampette. Quant à leur origine, ils viennent pour la majorité des villes limitrophes d'Alger et agissent souvent en « bandes organisées », révèle un responsable de la BMPJ. Après enquête, il s'est avéré, en effet, que les délinquants sont issus des régions des Eucalyptus, de Baraki, de Dergana pour ne citer que ces trois localités. Cela étant, jeunes, femmes, moins jeunes... sont ainsi quotidiennement volés au vu et au su de tout le monde dans la plupart du temps dans les stations urbaines. La gent féminine est la plus ciblée. Toutefois, des élus et commis de l'Etat sont parmi ce lot. En général, ces vols se produisent durant les après-midi, au moment des grandes affluences. Les voleurs choisissent alors les axes où la fuite leur est plus facile (les ruelles enchevêtrées) après leur sale besogne. Ils guettent ainsi les stations urbaines, endroits qui affichent beaucoup de monde surtout en ces temps de grandes chaleurs. Le marché Ali Mellah, la station du 1er Mai, la rue Hassiba Ben Bouali, la rue Abane Ramdane, l'avenue Pasteur, la place Maurice Audin, la Fac centrale, le boulevard Krim Belkacem, la cité Franz Fanon à Riyad El Feth, le boulevard des Martyrs sont, pour ne citer que ces endroits, les plus fréquentés par ces malfaiteurs qui attendent aussi leur victime dans les embouteillages au niveau des grandes artères d'Alger pour commettre leur délit. Cette fois, ce sont les tableaux de bord des véhicules des usagers que les voleurs piquent. Unique en son genre, une famille tout entière écume le boulevard des Martyrs. Trois frères de cette même famille attendent leur victime au niveau de ce boulevard. Oued K'nis (Ruisseau), un réservoir S'il y a bien un point de vente connu pour être privilégié par les revendeurs de portables volés, c'est incontestablement le marché informel de Oued K'nis, à Ruisseau, mais aussi les marchés de Laâqiba (Belcourt), des Trois Horloges (Bab El Oued) et de Rouiba. Postés aux abords des différentes ruelles jouxtant Oued K'nis, des dizaines de marchands s'adonnent à ciel ouvert à ce « sale boulot » sans se soucier de rien. A croire qu'ils sont dans la légalité absolue ! C'est en effet dans ces endroits très fréquentés par les adeptes du portable qu'on retrouve la majeure partie des téléphones portables volés des quartiers et des rues d'Alger ou... même d'autres régions du pays. Ici, les prix proposés pour la (re)vente de leur désormais objet sont édifiants. Il est offert aux demandeurs toutes les marques, en bon état, et surtout à des prix amplement abordables. Ainsi on retrouve des portables proposés à un prix allant jusqu'à 1500 DA ! Le mobile de marque Motorola T191, qui est cédé à 6700 DA dans les points de vente officiels, est vendu dans ces « souks » à 2300 DA ! De même pour les autres marques, telles qu'Eriksson, Nokia (toutes séries confondues), Sagem... et Philips, qui sont affichés à des prix plutôt accessibles pour tous. Un Philips qui coûte dans les vitrines 19 000 DA est cédé à 13 000 DA. De même pour le Nokia 3310 qui ne dépasse pas les 4000 DA alors qu'ailleurs il fait 7000 DA. Le Sagem My.X5 qui coûte 40 000 DA est proposé à 10 000 DA. Il faut dire que la revente facile de cet objet est la raison de l'ampleur du vol. Des voleurs ont même confié que c'est là un gain facile ! Ce qui ne les empêche pas de voler encore.