Ce créneau prend de l'ampleur, alors que l'Arpt et les opérateurs algériens se sentent désarmés. Même la technologie de pointe n'échappe pas au marché parallèle en Algérie. Des milliers de puces téléphoniques provenant du Maroc circulent actuellement dans l'Ouest du pays. Ces puces ramenées par des contrebandiers se vendent sur le marché parallèle sans facture ni autre garantie. Les utilisateurs empruntent les réseaux des opérateurs de la téléphonie implantés en Algérie. L'Autorité de régulation de la poste et des télécommunications (Arpt), contactée par nos soins à ce sujet, explique que le problème se pose en termes technique et commercial. De ce point de vue, il s'agirait d'un débordement de zone de couverture: «Il arrive qu'au niveau de la frontière, des émetteurs marocains arrivent à couvrir un champ d'action qui déborde sur notre territoire, le phénomène est technique, on n'y peut rien.» Sur le plan commercial, la donne est tout autre. L'Arpt se dit prête à agir, mais son champ d'action demeure restreint. «Le problème de la contrebande dans notre pays est pire qu'une gangrène. Notre intervention dans ce trafic de puces, ne peut se faire sans l'appui des services des douanes, de la police de la gendarmerie, de même que d'autres services sont concernés.» Les trois opérateurs Djezzy, Mobilis et Nedjma, qui ont investi plus de 4 milliards de dollars dans le marché de la téléphonie mobile en Algérie, appréhendent chacun à sa manière «le problème». Pour certains, la vente des puces marocaines en Algérie ne les affectent pas. «Nous sommes conventionnés dans le cadre du roaming avec deux entreprises marocaines (Maroc Télécom et Meditel, Ndlr) et ce sont ces entreprises qui se portent garantes». En d'autres termes, toute communication effectuée sur un réseau d'un opérateur algérien est payée par ses homologues marocains dans le cadre de cette convention du roaming. Le roaming est une opération que concluent deux opérateurs de pays différents pour l'utilisation des réseaux de communication. Pour d'autres opérateurs algériens, le problème se pose en termes de fraude. «Ces puces sont commercialisées sans facture et elles n'entrent pas dans le cadre du roaming, c'est à ce niveau que se situe l'infraction». Ce créneau contrebandier risque de prendre de l'ampleur, au moment où l'Arpt et les opérateurs algériens s'apprêtaient à combler une défaillance. En effet, ces acteurs se sont dernièrement associés pour contrecarrer le vol des portables devenu un phénomène de société. S'inspirant du modèle français, une association algérienne des opérateurs mobiles - Aaom- verra incessamment le jour. Par cette action, les opérateurs vont créer une base de données des numéros Imei des appareils mobiles en collaboration avec les services de la Gendarmerie nationale et de la Dgsn. Une fois la base de données opérationnelle, le portable volé ne sera plus utilisable puisqu'il sera automatiquement bloqué. Si les opérateurs et l'Arpt tendent à trouver une solution pour le vol des portables, en revanche, contrecarrer le marché informel ne relève pas de leurs prérogatives. Ils interpellent au fait, toutes les structures de régulation du marché algérien. La tâche n'est pas facile dans un marché où les enjeux à venir se chiffrent en milliards de dollars. Le marché algérien atteindra respectivement 10 millions d'abonnés en 2010 et 23 millions en 2015. L'Etat est sérieusement interpellé d'autant que les négociations pour l'adhésion de l'Algérie à l'OMC entament leur dernier round.