La consommation de drogue a enregistré une hausse alarmante durant le premier trimestre, et la Gendarmerie nationale pointe un doigt accusateur vers le Rivotril, un psychotrope très à la mode et accessible aux jeunes pour une poignée de dinars. Le bilan donné par le commandement régional de Constantine fait ressortir, en effet, que la quantité saisie durant cette période (5100 flacons) est presque égale à celle de toute l'année 2004 avec une augmentation de 95 % pour le Rivotril et 88% pour toutes les autres drogues. Le trafic prend une ampleur jamais atteinte et forme désormais un véritable marché de consommation engrangeant des revenus juteux pour les réseaux qui le dominent. Les chômeurs sont les plus exposés au phénomène avec 72 % des personnes arrêtées alors que les associations de malfaiteurs s'emparent à leur tour du Rivotril pour droguer leurs victimes. Malgré les coups de pied dans la fourmilière opérés par les brigades de la police et de la gendarmerie en hiver et le démantèlement d'un réseau à l'intérieur de l'entreprise Digromed, le trafic et la consommation n'ont pas connu de recul et font irruption dans les établissements scolaires. Cela explique aussi les ravages de la délinquance juvénile et justifie la création par la Gendarmerie nationale de brigades de prévention qui sont sur terrain depuis un mois et demi dans les wilayas d'Alger, Annaba et Oran en attendant d'élargir leur champ d'action. A l'occasion de la conférence de presse donnée au siège du cinquième commandement régional, les chiffres présentés par le colonel Djebbar confirment une hausse de 9 % dans la criminalité durant l'année 2005 sur tout le territoire de compétence qui concernent plusieurs wilayas du Nord-Est algérien et une bonne partie de la bande frontalière. La tendance est également à la hausse pour ce qui est de la contrebande. Les limites algéro-tunisiennes sont le théâtre d'un trafic quasi quotidien qui saigne l'économie nationale et persiste malgré les prises importantes des brigades chargées de surveiller les frontières. Le bilan de l'année 2004 montre une augmentation des affaires traitées contre une baisse de la valeur des marchandises saisies estimées à plus de 811 millions de dinars. 87 % de ces marchandises qui passent chez nos voisins concernent le carburant, le cheptel, les appareils électroménagers et le cuir. Les câbles téléphoniques et le cuivre attirent, eux aussi, les contrebandiers, et leur trafic s'exprime par des chiffres de plus en plus importants à l'image de la prise il y a un mois d'un convoi formé de 11 camions venant de Aïn M'lila en direction du port de Skikda. En contrepartie, les trafiquants ramènent des pâtes alimentaires, tomate et harissa, la pièce détachée usitée et aussi des produits de beauté et des vêtements de friperie. Le trafic de mazout par exemple a augmenté de 72% sans doute à cause de la demande importante de ce produit chez nos voisins. Elle a encore augmenté de 34 % durant le premier trimestre 2005 et de 22% pour tout le trafic contre la somme de 24 millions de dinars. Malgré les bons rapports avec la Garde républicaine tunisienne et les efforts de coopération, la Gendarmerie nationale semble dépassée par l'ampleur du trafic. « La lutte sécuritaire ne peut pas faire grand-chose, affirme le colonel Djebbar, et les mesures prises par les autorités administratives se sont avérées inefficaces. Nous avons donc besoin de lois plus rigoureuses pour faire face au phénomène. » Pour ce qui est de l'infraction routière, les brigades relevant du commandement régional ont procédé, depuis l'entrée en vigueur de la nouvelle loi, à plus de 1770 retraits de permis en plus des PV adressés aux walis pour d'éventuels retraits ou suspensions. Cependant, et malgré les 33 morts enregistrés sur les routes de l'Est, la mortalité a enregistré une baisse de 16 % durant ces trois mois. Par ailleurs, le conférencier a confirmé la poursuite des enquêtes menées par ses équipes dans le domaine du foncier agricole et autour des collectivités locales.