Sa consommation provoque une «extase» artificielle pour ceux qui veulent fuir la réalité et «planer dangereusement». En dix années, le terrorisme a semé terreur et désolation, aussi bien dans les centres urbains qu'au fin fond des douars les plus reculés d'Algérie. La société algérienne en est encore éprouvée et porte toujours les stigmates d'une violence sans pareille. Dans son sillage, le terrorisme barbare a aussi provoqué l'émergence et ensuite l'explosion de la contrebande, de la contrefaçon, le blanchiment de l'argent sale provenant du trafic de drogue, d'armes et de véhicules. En un mot, l'Algérie était devenue un pays ouvert pour les parrains du crime organisé. Les services de sécurité sont désormais confrontés à un fléau incontournable qui prend des proportions alarmantes. C'est, en substance, ce qui ressort des différents rapports établis par les services de la police et de la Gendarmerie nationale. Ces deux services ont enregistré une hausse du taux de criminalité qui a connu, une «dangereuse évolution». En termes de chiffres, les activités criminelles ont augmenté de 32%. Ce phénomène ne cesse de prendre des proportions effarantes au niveau de la wilaya. Ses répercussions néfastes sur le plan social et économique ne sont plus à démontrer. Il a donné naissance à une violence inouïe et indescriptible, et touche essentiellement la tranche d'âge de 18 à 40 ans, c'est-à-dire celle qui est logiquement la mieux disposée à assumer l'effort de développement. Plus de 2637 g de kif traité et plus de 8591 boîtes de psychotropes ont été saisis par la police, durant le premier semestre 2004, sans parler des quantités récupérées par la Gendarmerie nationale, avec 13 kg de kif traité et 370 boîtes de psychotropes, soit une hausse de 32%. L'évaluation en dinars est estimée à environ 10 millions de centimes. La vente et la consommation de drogue ont donc poussé les services de sécurité à concentrer davantage de moyens humains et matériels, avant de déclarer la guerre à ce fléau. Dernièrement, trois jeunes ont été appréhendés en possession de stupéfiants, grâce, essentiellement, à l'utilisation des brigades canines. Les services de sécurité, qui ne cachent pas leur inquiétude, nous ont confié que les jeunes sont de plus en plus «accros», depuis un certain temps, à un nouveau genre de drogue, un «anti-convulsif et anti-épileptique», pouvant conduire à une totale dépendance, aussi bien physique que psychique chez le sujet. Il s'agit du fameux Rivotril, connu chez les jeunes de «Rivo» . C'est une drogue utilisée dans les milieux juvéniles. Elle est proposée à des jeunes lycéens aux abords des établissements scolaires, selon les différentes enquêtes menées par les services chargés de la lutte contre le trafic de drogue. La propagation du Rivotril se répand à une vitesse vertigineuse. Sa consommation dépasse de loin celle du kif. Les jeunes s'adonnant à cette drogue ajoutent dans leur boisson (eau, thé, café...) quelques gouttes de ce médicament, vendu à 50 DA la goutte. Jusqu'à aujourd'hui, on croit savoir que les services de sécurité ont réussi à récupérer une cinquantaine de flacons de Rivotril. Cependant, la réalité est tout autre, car la quantité qui circule effectivement est nettement plus importante, vu que la consommation de cette nouvelle drogue est désormais remarquable à l'oeil nu. La commercialisation de cette nouvelle drogue d'une manière illégale et à des fins criminelles, a permis déjà à certains «parasites», qui ont réussi à pénétrer le domaine du médicament, d'amasser des fortunes en un temps record. Les dealers semblent avoir réussi à tisser un réseau avec certains grossistes, car les particuliers refusent de vendre, du fait qu'il constitue pour eux une véritable source de problèmes plutôt que des bénéfices. Sa consommation provoque chez le sujet une dépendance à tel point qu'il peut se balader avec une arme à la main et menacer toute personne sur son passage. L'abondance de cette drogue aux abords des lycées, découle du fait que la chaîne commerciale (importateur, distributeur et officines) n'est pas suffisamment contrôlée, d'autant plus qu'on remarque une facilité de circulation déconcertante de ce médicament sur le marché. Les instances concernées, qui tentent de remédier à ce fléau, proposent de procéder à des recherches sur le terrain sans relâche avec les brigades canines qui ont déjà donné de bons résultats. Mais est-ce suffisant? Comment sauver les jeunes de ce danger mortel qui les guette? Faut-il interdire la commercialisation de ce médicament? Peut-on le faire sans pénaliser les malades auxquels il est prescrit?