L'Irak, terre d'aventure, finira-t-on par dire un jour à propos de ce pays qui est passé d'un régime policier et à qui absolument rien n'échappait par le quadrillage de la population, à un pays sans loi. Ou encore, la seule qu'il connaisse est celle des groupes armés, toutes motivations confondues, avec la nouvelle industrie du rapt et de la violence criminelle qui se développe. Plus que cela, il est en train de devenir un pays de transit pour l'héroïne produite en Afghanistan qui, introduite par l'Iran, est ensuite distribuée en Europe, a-t-on appris auprès de l'Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS) jeudi au siège de l'Onu à Vienne. Selon le président de l'OICS, Hamid Ghodse, « cette situation est rendue possible par la situation intérieure en Irak où les contrôles aux frontières se sont relâchés et où les trafiquants peuvent pénétrer déguisés en pèlerins ». Le ministre irakien de l'Intérieur, Nouri Badrane, a reconnu récemment que d'importantes quantités de drogues étaient introduites dans son pays depuis l'Iran et fait état d'une progression de la consommation de stupéfiants chez les jeunes. Drogue, mais aussi violence qui continue d'ensanglanter l'Irak, où les résistants attaquent sans discrimination civils et forces de sécurité irakiens de même que les soldats américains, rendant ardue la tâche du nouveau gouvernement de rétablir la sécurité dans le pays. Depuis la prestation de serment le 3 mai du gouvernement du chiite Ibrahim al Jaâfari, plus de 400 personnes, civils et militaires irakiens, et soldats américains, ont péri dans la violence qui aggrave davantage les conditions de vie des Irakiens déjà jugées alarmantes par un rapport de l'ONU. Hier, deux soldats et un civil ont été tués et 6 autres personnes blessées dans un attentat suicide à la voiture piégée contre un camion militaire, le dernier d'une série d'attentats contre l'armée irakienne. L'attaque a eu lieu à Baâqouba, à 60 km au nord de Baghdad, selon l'armée. Dans Baghdad, 1 policier a été tué et 5 autres personnes blessées dans une attaque à l'arme légère contre une patrouille de la police, selon une source hospitalière, alors qu'une bombe a explosé au passage d'un convoi de l'armée américaine sans faire de victimes dans ses rangs. Néanmoins, l'armée américaine a déploré depuis le 7 mai 20 morts dans ses rangs, tués dans des attaques ou des combats notamment dans l'ouest du pays. Les trois dernières victimes américaines sont tombées jeudi dans différentes attaques à la bombe à l'est, au nord et au sud de Baghdad, portant à 1610 le nombre total des soldats américains tués en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003, selon des chiffres du Pentagone. La veille, au moins 24 Irakiens ont été tués, dont 15 dans un attentat suicide à Baghdad, et mercredi plus de 80 Irakiens ont péri dans des attaques. Et tout laisse croire que rien ne pourra être entrepris pour arrêter cette descente aux enfers de tout un pays. L'ONU ne prend en compte dans cette situation que ses propres données. Elle les ajoute à celles qu'elle a établies durant les années de l'embargo qui ont poussé l'Irak des décennies en arrière, en fait vers plus de sous-développement. Un Etat avait alors été décimé, détruit de manière systématique aussi bien dans son infrastructure que dans ses structures. Comme l'attestent le retour des maladies que l'Irak avait totalement éradiquées.