« Le prix du logement est extrêmement élevé en Algérie. » Le constat émane de la Banque mondiale qui vient de publier sur son site en langue française une analyse comparative d'indicateurs de performance et de politique du secteur du logement dans huit pays de la région Mena. Dans la plupart des pays en question, souligne l'institution financière internationale, « c'est l'accessibilité du logement plutôt que la disponibilité du parc qui est le problème central ». Les rédacteurs de l'analyse soulignent, par ailleurs, que « lorsque l'accessibilité est examinée au moyen du ratio prix des logements/revenus, nous voyons que dans plusieurs des pays de l'échantillon, le prix du logement est extrêmement élevé et que les niveaux d'accessibilité sont faibles ». L'analyse plus détaillée des informations qualitatives recueillies pour l'étude confirme, lit-on dans le rapport d'étude, qu'« il existe un excès d'offre pour les groupes à revenus supérieurs et moyens supérieurs, et une insuffisance de l'offre pour les segments aux revenus plus faibles en Algérie. La grille d'analyse de la Banque mondiale rejoint en plusieurs points celle établie par certains opérateurs économiques algériens opérant dans le secteur du bâtiment. Accessibilité C'est le cas notamment de l'architecte et promoteur immobilier M. Mohamed Sahraoui pour qui « ce n'est pas tant le logement qui est excessivement cher en Algérie, mais plutôt les revenus qui sont très faibles ». C'est le pouvoir d'achat du citoyen algérien qui doit, selon lui, s'améliorer pour rattraper l'écart existant entre le revenu et le prix du logement. « Le prix d'un logement décent est de pas moins de trois millions de dinars. Il faudrait toute une vie pour qu'un salarié algérien de la catégorie moyenne puisse économiser trois millions de dinars », indique notre interlocuteur. Aussi, il ne faut espérer voir, note le promoteur, baisser les prix du logement en Algérie dans la mesure où le foncier et l'immobilier sont connus pour être des valeurs refuges, autrement dit des valeurs sûres en constante hausse. En somme, relève-t-il, le problème de l'accessibilité au logement en Algérie est « plus profond » qu'il ne paraisse. Aujourd'hui, les projets immobiliers ciblant le logement ne sont plus rentables, d'après M. Sahraoui. Selon lui, les entrepreneurs immobiliers soumissionnent beaucoup plus pour les projets urbains (routes, ponts, édifices publics...) et évitent le logement qui nécessite plus de moyens financiers et humains, autrement dit plus de charges. A propos du coût de la construction, dont l'impact sur le prix final du logement est très important, le promoteur soulignera que pour ce qui est du logement social, le coût est plus ou moins fiable, en ce sens que les entrepreneurs recourent à la matière première locale et importent seulement quelques matériaux, à l'instar notamment du rond à béton. Mais, ajoute-t-il, « dès qu'on sort du logement social, le coût grimpe à toute vitesse dans la mesure où plusieurs intrants sont importés ». La disponibilité du foncier est un autre point qui est venu compliquer davantage la situation. C'est tout simplement l'« impasse », indique l'architecte promoteur en parlant du foncier. Dans certaines régions d'Alger, le mètre carré avoisine les 200 000 DA. Le règlement de ce qu'on qualifie de « crise de logement » en Algérie, passe, conclut le promoteur immobilier, par « la création de notre propre outil de production. Et pour cela, il faut commencer par la formation. L'Algérie manque cruellement de main-d'œuvre qualifiée dans le bâtiment ».