Première image du film, celle d'une jeune femme, Baya Azzi, qui revient sur les lieux où est tombé son grand-père. Le 20 août 1944, une barricade est dressée devant la Mosquée de Paris. Le grand-père de Baya Azzi est mort devant cette barricade, atteint d'une rafale. La jeune femme est à la recherche de la tombe de son grand-père. Avec elle, on pénètre dans la Mosquée. A l'entrée, une tombe, celle de Si Kaddour Benghabrit, le recteur de la Mosquée de Paris de l'époque. La Mosquée de Paris offre d'innombrables possibilités de caches. Le petit-fils du recteur Si Kaddour Ben Ghabrit fait visiter à la petite-fille du FTP algérien la Mosquée, la guidant dans les dédales souterrains, la coupole inaccessible aux étrangers, jusqu'à l'entrée des égouts par où des réfugiés sont passés pour retrouver la liberté. Albert Assouline, qui témoigne dans le film, a trouvé, enfant, refuge à la Mosquée de Paris. Il était arrivé là avec un Algérien. Les adultes étaient placés dans les sous-sols, les enfants étaient intégrés aux familles musulmanes qui habitaient la Mosquée. Le docteur Somia fréquentait la Mosquée. Il était médecin au centre d'hygiène sociale dans le XVe arrondissement de Paris, il a fait partir sous un faux nom un enfant juif vers un aérium. Le docteur Somia dirigeait avec le docteur Mostefaoui une association d'aide aux prisonniers nord-africains évadés, ils les faisaient héberger à la Mosquée de Paris. Parfois le recteur allait lui-même sauver un enfant. Le chanteur Salim Lahlali, qui vit aujourd'hui retiré dans une maison de retraite à Cannes, avait été sauvé avec sa famille grâce à un faux nom. La solidarité était discrète comme celle de ce propriétaire algérien d'un restaurant, rue de la Huchette, qui donnait les repas du jour qui restaient à la Mosquée. Dénoncé, son restaurant a été saccagé. Le film nous rappelle que dans les années 1943-1944 des résistants nord-africains étaient opérés la nuit à l'hôpital franco-musulman et cachés dans la journée dans la loge du gardien de l'hôpital, qui était algérien. Personne n'a été arrêté dans l'enceinte de la Mosquée. Quand les Allemands se présentaient à la Mosquée, le recteur conduisait les réfugiés dans la salle de prière. Dès 1940, Si Kaddour a voulu que la Mosquée de Paris soit un sanctuaire pour les personnes recherchées. Cimetière musulman de Bobigny. Un carré bien entretenu et d'autres tombes anonymes mangées par les mauvaises herbes. Celles de FTP algériens, non identifiés.