Le violon d'Ingres de Rabéa Nedjar est l'art culinaire chenoui. Un patrimoine qu'elle s'attelle à préserver depuis sa tendre enfance. Elle ne cessait, dit-elle, d'interpeller sa grand-mère sur tel ou tel condiment, ou sur la vertu d'une plante aromatique. Ces plantes qui s'épanouissent à chaque saison et que seule la femme du mont Chenoua sait tirer profit. « C'est là que réside le secret de la cuisine chenouie. Elle est non seulement succulente, mais elle est aussi thérapeutique, car elle prémunit l'organisme de nombreuses carences », atteste-t-elle. Et de poursuivre : « Les femmes chenouies ont appris depuis des lustres à inventorier les plantes comestibles aromatiques (et médicales) et à marier certaines d'entre elles dans la préparation de moult plats de la région. J'ai identifié plus d'une centaine de plantes gastronomiques, dont 50 sont de nos jours utilisées dans la cuisine chenouie. Actuellement, une femme sur 10 continue à observer cette tradition gastronomique. » Tradition en voie d'extinction ? : « Tout à fait ! d'où mon humble contribution à sauver cet héritage et de le transmettre aux générations futures », soutient-elle.Auteur d'un « inventaire » de plusieurs dizaines de plats chenouis, cette native de Tipaza recommande spontanément le plat qui fait sa fierté. le Tikourine. Il est à base de boulettes d'herbes spécifiques au Chenoua et au bassin méditerranéen et est préparé à la vapeur. » Elle « conseille » également le couscous au mérou, autre spécialité du terroir. « De par leur proximité avec la mer, les Chenouis recèlent plusieurs recettes à base de poisson », explique-t-elle. Détentrice de plusieurs trophées nationaux et internationaux (depuis 1987), Rabéa Nedjar, membre de la délégation algérienne, a présenté, en 1999, un couscous au mérou, lors du Festival mondial du couscous de San Vito Locapo (sud de l'Italie). Ce qui a valu à l'Algérie un deuxième prix.