Deuxième prix au 1er Festival mondial du couscous en Italie (San-Vito-Locapo, 1999) et 20 ans d'expérience dans l'art culinaire chenoui, bio à 100%, Rabéa Nedjar est l'ambassadrice de la gastronomie de cette région dont on ne parle jamais assez. Peu avant d'arriver à Tipaza dans les détours de la route, on peut apercevoir, de loin, un magnifique paysage : une montagne, dominant de son imposante masse la courbe de la mer et la plage étirée le long de son pied. C'est le mont Chenoua, une montagne dont le sommet atteint 900 m. Là-bas, il ne reste que quelques vieilles gardiennes de la tradition. Que quelques demeures où l'on peut encore trouver des poteries traditionnelles et une gastronomie à l'ancienne. Si Rabéa Nedjar ne vit pas dans ces sommets, elle s'y rend souvent, étant native de cette région où chaque saison fête un bouquet de plantes. El Medjir, benaâmane, aboumlihine, aghadou, babamouh, bibras, merdjila, achnaf, fliou, aguernina, izlith... autant de plantes cueillies sur l'un des versants du mont Chenoua et que Rabéa Nedjar accommode avec les produits de la mer dans différents mets : pains, galettes, bercoukès, tikourine, daurade au palmier nain, t'chicha, couscous... le fameux couscous aux plantes et au poisson qui lui a valu le deuxième prix au 1er Festival mondial du couscous, après avoir subjugué 300 convives dans le célèbre restaurant Le Tropicana. Et qui lui a ouvert la voie pour participer à plusieurs événements internationaux, dont la Biennale internationale des jeunes créateurs de la Méditerranée de Turin (Italie), en 1997 et l'Année de l'Algérie en France, en 2003. Pour ce cordon bleu, tout a commencé durant son enfance, lorsqu'elle se faufilait dans la cuisine pour voir ce qui mijotait dans les marmites. Très vite, la liste de ses réalisations culinaires s'est allongée. Aujourd'hui, elle est l'une des gardiennes et ambassadrices de cette gastronomie traditionnelle, et elle n'oublie pas que c'est grâce à sa mère, à sa grand-mère et à toutes les vieilles du Chenoua qu'elle a tant appris. Des boulettes de semoule aux herbes cuites à la vapeur, à la daurade au palmier nain, en passant par le pain farci à la mauve, le pain à l'orge et au caroube, le pain aux petits pois sauvages, les carrés de semoule aux herbes... le tout d'un goût particulièrement raffiné et d'une valeur nutritionnelle conséquente, notamment un apport en fer, en acides minéraux et en potassium. En Algérie, depuis le milieu des années 1980, cette gardienne du temple gastronomique du Chenoua n'a cessé de collectionner les prix lors des concours nationaux, à Club des Pins, à l'hôtel El Manar (Sidi Fredj), à Bouharoun... Aujourd'hui, alors qu'on rêverait de trouver sur le marché un livre des recettes du Chenoui, Rabéa Nedjar, elle, ne rêve que de l'ouverture d'un restaurant dans sa région. Autant pour promouvoir et faire sortir de l'anonymat sa tradition culinaire que pour la préserver de l'oubli qui la guette. Un projet ambitieux qui ne peut se réaliser sans l'appui des autorités locales...