Le port commercial de Ténès est distant de celui de la capitale de 200 km. Considéré comme un levier économique important, il a joué un rôle stratégique dans la reconstruction de Chlef suite au séisme d'octobre 1980 et l'approvisionnement du marché du centre-ouest du pays en biens d'équipement, matières premières et produits de large consommation. Après une période de flottement due notamment à la conjoncture difficile qu'a vécue la région, il commence à retrouver son équilibre et à enregistrer des résultats positifs. Ainsi, le bilan de quatre mois d'activité (de janvier à avril 2005) présenté par le PDG de l'Entreprise portuaire de Ténès, El Hamri Khaldi, fait état d'une progression de 27% du trafic commercial, par rapport à la même période de 2004. Le trafic manipulé a connu une augmentation de 97%, alors que le nombre de navires ayant transité par le port est passé à 26%, toujours concernant la période indiquée. A en croire le même responsable, l'effort de gestion a également permis de réduire les charges d'exploitation de 12% et d'augmenter le chiffre d'affaires de 20%. D'après lui, ce résultat a été aussi rendu possible grâce à l'accélération des opérations de chargement et de déchargement ainsi que des formalités douanières et de police. Les importations touchent en particulier les produits agroalimentaires, les matériaux de construction, les matières premières et les animaux (bovins) destinés à l'élevage. Les céréales occupent 60% de l'activité portuaire, suivies du rond à béton, du ciment blanc, du fil machine et de minerais pour l'usine de céramique de Sidi Akkacha. Les utilisateurs du port sont pour la plupart des entreprises publiques et des opérateurs issus de Chlef, Aïn Defla et Blida. Les exportations, quant à elles, ont atteint 22% représentant les déchets de ferraille appelés « tout-venant ». La marchandise est expédiée principalement vers la Turquie par des exportateurs, au nombre de sept domiciliés à Alger et à Blida. Selon le PDG de l'EPT et des représentants des Sarl concernées, l'opération concerne uniquement la ferraille en vrac qui est, selon leurs dires, transportée, déchargée et embarquée à découvert en présence des douaniers. Les camions transportant les déchets affluent régulièrement au port pour déposer à l'air libre, sur le terre-plein aménagé à cet effet, la marchandise destinée aux transformateurs turcs, sur la base, apprend-on, d'un dossier approuvé par les services de la lutte contre la fraude de la douane. L'activité qui est exercée, croit-on savoir, par des sociétés mixtes regroupant des ressortissants de pays arabes, aurait rapporté au Trésor public un milliard de dollars en 2004. L'évolution positive enregistrée met en évidence, toutefois, la nécessité d'adapter l'infrastructure portuaire aux nouvelles exigences du marché, d'autant qu'il est prévu la diversification de ses activités dans un avenir proche. On parle de la mise en place d'une ligne régulière de transport de marchandises entre le port de Ténès et celui de Sète (France) et de nombreux projets en attente aussi bien dans le domaine des importations que dans celui des exportations. « Il est urgent de lancer une étude pour l'extension des capacités d'accueil et de dragage du port afin d'assurer la mise à niveau de cet important outil économique et répondre par là même aux besoins des utilisateurs de toute la région centre-ouest du pays », indique le premier responsable de l'entreprise portuaire. Pour ce, la direction du port organisera une journée portes ouvertes le 24 mai à la salle du complexe olympique de Chlef avec la participation du patronat, de la Chambre de commerce et d'industrie Ouarsenis, de la douane et des opérateurs concernés dans le but de les sensibiliser au devenir de cette infrastructure importante qui n'est rien d'autre que le poumon économique de l'ensemble de la région. En effet, le développement du port, en termes d'infrastructures et de capacités d'accueil, reste la condition première pour le développement de l'ensemble du Chélif. Plus les autorités nationales se rendront compte de cette évidence plus la région et le pays se porteront mieux, d'autant « plus que l'Algérie enregistre un déficit total de 4,5 millions de tonnes qui demeure urgent à combler ». Le port de Ténès pourra, dans ce contexte, jouer la mission qui lui revient pour peu qu'il bénéficie des investissements nécessaires.