Des deux espèces de moineaux qui existent dans notre wilaya et qui constituent un véritable fléau pour les céréales, le plus redoutable pour les agriculteurs est le moineau espagnol. Pourquoi espagnol ? Parce que cet oiseau migrateur est arrivé chez nous en mars et ne quittera notre sol qu'après que la récolte des céréales eut été engrangée. C'est pourquoi, selon un cadre de la station régionale de la protection des végétaux de Draâ Ben Khadda en visite de travail à Bouira, les wilayas les plus touchées par les importantes colonies de moineaux espagnols sont surtout celles de l'Ouest en raison de leur voisinage avec l'Espagne. Si Bouira est aussi concernée par cette migration d'oiseaux, c'est seulement de loin et surtout de par sa vocation essentiellement céréalière, d'après notre interlocuteur. Qu'est-ce qui le rend si redoutable ? D'abord sa capacité de reproduction. Arrivant chez nous en période de nidification et de ponte, le moineau espagnol, très prolifique, se reproduit à raison de 6 à 7 œufs par nid et 3 fois pendant cette période. Il construit son nid sur les arbres à la lisière des champs de céréales auxquels ils occasionnent des dégâts considérables. Ces dégâts, selon le cadre de la SRPV, s'expliquent que autant par la consommation que par l'engrenage des épis de ce passereau. En d'autres termes, il laisse tomber par terre autant de grains qu'il n'en dévore. Un dispositif de prospection et de dénichage est mis sur place dans le cadre d'un programme de lutte soutenu par le PNDA. Ce petit volatile n'étant pas le roi des airs (c'« est un oiseau qui se fatigue vite », explique notre interlocuteur), son abattage ne nécessite pas des moyens chimiques. C'est pourquoi dans ce programme, il est question d'abattage à la main. Les nids et les oisillons ainsi que les adultes sont détruits avec des perches. Sont alors associés dans cette lutte les petits entrepreneurs qui reçoivent dans le cadre de ce dispositif nécessitant un fonds spécial 7 DA par nid détruit, selon le cadre de la SRPV. Et cela, toujours selon le même interlocuteur, lorsque le seuil de « nuisibilité » est franchi, c'est-à-dire lorsqu'il y a prolifération. Pour le moineau domestique quand le seuil critique est dépassé, la campagne d'abattage peut nécessiter l'utilisation d'appâts. Elle se déclenche en principe en décembre et s'achève en janvier (période de disette pour le moineau domestique) sur arrêté du wali et après information de la population pour éviter la consommation d'oiseaux empoisonnés par le produit. Mais l'action chimique est délaissée, rassure notre cadre, le moineau domestique étant contenu dans les limites admises. Notre cadre qui a effectué, mercredi dernier, un déplacement du côté de Bastos (entre le village de Laïd Saïd et Bouira) a découvert une petite colonie de moineaux espagnols. « C'est un lieu fréquenté souvent par cet oiseau », fera-t-il remarquer, citant des sources.