Sous le signe de la transe, la deuxième soirée du Dimajazz s'est voulue une continuation du spectacle de Guem versé dans les racines africaines des Ousfans de Constantine, héritiers de la tradition gnawa qui ont donc ouvert cette soirée pour emporter le public sur des nuages mystiques. Gumbri, karkabous et percussions ont battu le rythme effréné sur un fond de louanges et d'encens d'Arabie. Une prestation assez longue pour provoquer l'impatience du public, venu très nombreux comme prévu, car l'affiche est plus qu'alléchante. L'apparition de N'guyen Le ne pouvait qu'entretenir la fascination d'ailleurs, mais ce dernier avait la mission délicate d'annoncer que ses compagnons de Maghreb and friends seront absents ce soir, car Karim Ziad est malade et Michel Alibo « lui fait la nounou ». Moment de stupeur dans la salle. Qu'est-ce qui va arriver alors ? Mais l'avant-goût musical offert par le guitar hero est une partie de la réponse, et puis il y a la technologie. La mauvaise nouvelle n'en est pas une en fin de compte et le plus célèbre des guitaristes de jazz de nos jours ne s'encombre pas et joue. Grâce à son matériel high-tech, il nous emporte dans les paysages du Vietnam de ses ancêtres pour nous raconter « ce que chante les oiseaux ». Sa guitare est flamboyante, le son rock gagne le public, et les accords jazzy font l'unanimité. N'guyen est généreux, il revient alors à son répertoire tiré de l'expérience Maghreb and friends. Il choisit L'haraka li djaia et ensuite Rijal Allah tiré du dernier album de notre batteur national. La salle jubile mais la fin est encore loin. N'guyen invite deux musiciens de Sinouj, Aziz Djemmam à la batterie et Ammar Zahi à la basse. Les choses sérieuses vont commencer. Le public est plombé. On joue Voodoo Child alors, mais c'est une version adaptée au jazz tirée de l'album réalisé en hommage au maître afro-américain Jimmy Hendrix. Désormais épaulé par une vraie section rythmique, N'guyen se surpasse et s'envole sur Little Wing. La symbiose est totale. Les Ousfans rejoignent pour le rappel, et l'ambiance est prolongée jusqu'à une heure tardive. Le festival prend ainsi sa vitesse de croisière et crée l'événement à Constantine. Hier, les organisateurs de Limma ont choisi de faire de la journée d'hier un « day off » et permis la projection du film Just friends autour du jazz.