Des professionnels en la matière ont mis, hier, l'accent sur la complexité de ces infections et leurs conséquences dans la prise en charge dans le cadre de la journée d'étude organisée hier par la société Nosoclean, représentant officiel des laboratoires Anios, spécialisé dans la commercialisation des produits désinfectants, sous le thème « Le pharmacien hospitalier : quelle place dans la promotion de l'hygiène hospitalière », à laquelle ont pris part les pharmaciens hospitaliers des différentes wilayas du pays. Plusieurs réponses ont été suggérées, dont le renforcement des conditions d'hygiène, la redynamisation des activités des comités de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) dans les établissements de la santé et la redéfinition du rôle du pharmacien hospitalier. « Sur le plan législatif, c'est le pharmacien hospitalier qui doit se charger de l'instrumentation, de la stérilisation et de l'élaboration des protocoles de stérilisation. Malheureusement, actuellement, rares sont les pharmaciens hospitaliers qui sont chargés de cette mission. Leur rôle est limité à la livraison de médicaments. C'est souvent l'économe ou l'unité chargée de l'hygiène dans l'établissement qui s'en occupe. Il y a une ignorance totale des protocoles », a relevé Mlle Boudedja, directrice technique de Nosoclean. Elle a indiqué que la lutte contre ces infections consiste en la mise à la disposition des établissements de la santé de solutions antiseptiques et de désinfectants conformes aux normes biocides et adaptés aux conditions d'usage. Assurer une meilleure surveillance des étapes de la stérilisation (nettoyage, désinfection et conditonnement du matériel à stériliser) est aussi très important, a-t-elle ajouté. La question de l'hygiène hospitalière a été longuement débattue, notamment la nécessité de renforcer le cadre juridique. La prise de conscience Un des intervenants n'a pas manqué de signaler que le chapitre hygiène hospitalière n'est pas pris en charge par le budget annuel. Lequel consacre seulement 2% pour la prévention. Par ailleurs, la prévalence nationale de ces infections reste, à ce jour, inconnue. Il n'y a pas eu d'enquête nationale sur ces infections. Mais certains résultats d'enquêtes parcellaires menées dans des CHU ont montré que les infections nosocomiales représentent une moyenne de 25%, soit un malade sur quatre contracte en milieu hospitalier une infection nosocomiale. Ce qui génère, selon les intervenants, une prise en charge coûteuse. Le traitement est principalement composé d'antibiotiques. Pour une meilleure prévention de ces infections, il est recommandé d'être à cheval sur le lavage des mains avec le savon liquide antiseptique, au lieu du savon de Marseille qui n'obéit à aucune règle d'hygiène. Ce qui constitue, selon le professeur Djoudi, épidémiologue au CHU de Bab El Oued, une mesure des plus urgentes à prendre. Pour elle, il est important de dire que dans les établissements de la santé, il y a une prise de conscience. Donc, « la surveillance sur les sites opératoires est systématique. Ceci nous a permis de diminuer l'incidence dans certains établissements, mais il faut encore être plus vigilant », dira-t-elle, avant d'énumérer les infections les plus fréquentes, à savoir les infections urinaires, pulmonaires, respiratoires, sur site opératoire (ISO) et les septicémies. Elle a souligné qu'une enquête sur les infections nosocomiales sera lancée pour enfin pouvoir élaborer un programme national de lutte contre ces infections.Pour le docteur Ladjadj du CHU de Tizi Ouzou, où l'on enregistre une surconsommation d'antibiotiques dans la prise en charge des malades avec un taux de 12% d'infections nosocomiales, la situation est pareille dans tous les établissements. Quant à la surconsommation d'antibiotiques dans ce CHU, le docteur Ladjadj a tenté d'expliquer que ce phénomène est dû probablement au fait que le service d'hématologie, de par sa spécialité, enregistre le plus d'infections. « La consommation est estimée entre 30 à 35% du budget concernant la classe des anti-infectieux », a-t-elle précisé. A noter que la société Nosoclean organisera, mercredi prochain, une journée d'étude sur l'hygiène en agroalimentaire, destinée aux laitiers.