L'hygiène hospitalière doit constituer une priorité des pouvoirs publics. Le risque infectieux dans les structures présente un réel danger pour les malades hospitalisés. Ce sont les deux messages lancés, hier, par des professionnels lors des deuxièmes journées de formation et d'échanges organisées par la société Nosoclean, représentant officiel des laboratoires Anios, spécialisée dans la commercialisation des produits désinfectants, à l'hôtel El Djazaïr à Alger. Placée sous le thème « Maîtrise de l'infection nosocomiale : réformer les pratiques du passé », cette journée d'étude vient mettre l'accent sur la lutte contre les infections nosocomiales et qui consiste en l'utilisation de solutions antiseptiques et désinfectantes conformes aux normes biocides et adaptées aux conditions d'usage dans les établissements de santé. Assurer une meilleure surveillance des étapes de la stérilisation en l'occurrence le nettoyage, la désinfection et le conditionnement du matériel à stériliser est aussi très important dans cette lutte. C'est en fait tout ce processus qui fait réellement défaut dans les structures hospitalières, a expliqué le directeur général de Nosoclean, M. Timsiline, en signalant que la stérilisation est très défaillante et les autoclaves doivent être tous changés. Il a estimé à plus de 50% le taux des infections nosocomiales dans les structures et elles sont très élevées dans certains services, tels que l'hémodialyse. Après les hépatites virales, hépatites B et C, l'on enregistre, près de 50% les infections urinaires, entre 20 et 30% les pneumopathies, puis arrivent les infections sur sites opératoires, les septicémies, etc. Pour M. Timsiline, « dix malades opérés équivaut à dix malades infectés. Beaucoup de cas pourraient être évités si les précautions minimales d'hygiène étaient assurées. » Selon lui, les responsables des structures sont passibles des tribunaux et il faut que les malades déposent plainte. Il plaident aussi pour une formation spécialisée des techniciens en stérilisation et en techniques de soins, notamment les soins dentaires. Par ailleurs, le professeur Soukehal, chef de service d'épidémiologie à l'hôpital de Beni Messous, a souligné la nécessité de l'hygiène des mains d'autant que 50 à 60% de ces infections sont manuportées, en rappelant qu'une instruction ministérielle datant du mois de mars dernier dans le cadre de la lutte contre les hépatites B et C faisant obligation au personnel médical l'application rigoureuse de toutes les mesures de prévention. « Il est ainsi temps de réprimer les pratiques du passé et élaborer des procédés validés », a-t-il ajouté. Le Pr Houari Abed, chef de service de la pharmacie CHU Parnet a, quant à lui, mis en exergue l'impact de ces infections en précisant que « le risque zéro n'existe pas et ne peut-être atteint même dans les pays les plus développés ». Il a souligné que le taux de prévalence des infections nosocomiales est de 14%, selon les estimations du ministère de la Santé, mais elles ne reflètent pas la réalité du terrain et elles restent très élevées, a-t-il signalé, et d'ajouter : « La lutte est quotidienne, il faut constamment veiller au respect des procédures d'hygiène et les expliquer à toutes les parties des réseaux de santé. » Le docteur Atif, au niveau du service de néonatalogie au CHU de Blida, a affirmé qu'en mars 2005, l'hôpital a enregistré quelque 40 infections pour 1000 journées d'hospitalisation. Ce chiffre a atteint, a-t-il précisé, 5 pour 1000 jours d'hospitalisation en juillet 2005. En néonatologie, où les infections nosocomiales sont particulièrement mortelles, la septicémie est responsable de 20% des décès chez les nouveau-nés, a-t-il ajouté.