Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), comme son nom ne l'indique pas, est le gardien des Conventions internationales, ces fameuses lois de la guerre, ou devant la régir. Par rapport aux autres institutions de l'ONU, cet organisme est d'une extrême discrétion. Et il avait dit son mot en temps opportun après le scandale de la prison américaine en Irak de Abou Ghraïb. C'est peut-être trop peu pour l'opinion internationale, mais le CICR, qui entend assumer pleinement son rôle, s'est félicité vendredi de la décision des Etats-Unis d'enquêter sur la publication de photos intimes de Saddam Hussein prises dans sa cellule. Le CICR « approuve » la réaction de l'armée américaine qui a annoncé vendredi l'ouverture d'une enquête après la publication de photos de l'ancien dictateur irakien, dont l'une le montre debout en slip dans sa prison, a déclaré la porte-parole du CICR, Antonella Notari. L'armée américaine a estimé que l'origine de ces photos était « inconnue », mais qu'elles « pourraient remonter à plus d'un an » et constituaient une « violation des règlements du département de la Défense et probablement des conventions de Genève sur le traitement des détenus ». Le CICR, gardien des conventions de Genève qui prévoient que les prisonniers soient à l'abri de la « curiosité publique », avait fait part de sa préoccupation après la publication de photos de prisonniers de guerre irakiens ou des images de la capture de Saddam Hussein. Dans le même temps, l'organisation américaine de défense des droits de l'homme (Human Rights Watch) a dénoncé hier les « homicides, tortures et autres abus perpétrés » par des soldats américains sur des prisonniers afghans, qui n'ont, selon elle, été « suivis d'aucune enquête ou poursuite adéquates ». Selon cette organisation, « les forces américaines en Afghanistan ont été impliquées dans des homicides, des tortures et d'autres abus sur des prisonniers bien avant le début de la guerre d'Irak ». En son temps également, l'ONU a, à sa manière, dénoncé ou mis en évidence la plus importante de toutes les violations, c'est-à-dire la guerre lancée contre l'Irak la qualifiant d'injuste, d'illégale et d'illégitime. Par leurs différents aveux, les initiateurs de cette guerre ont renforcé ce sentiment, alors même que rien ne leur octroyait leur droit d'attaquer un pays souverain, même en possession d'armes de destruction massive (ADM) parce que dans ce cas, l'Irak n'aurait pas le monopole. Plus que cela, admet-on, y compris à Washington, il n'en a jamais eu. L'autre violation, c'est l'occupation de tout un pays, où les victimes se comptent par dizaines de milliers. Dans la panoplie des violations, on relève aussi les attaques avec recours massif aux différentes armes de guerre (aviation et artillerie). Dans ce cas précis, il n'est question ni de pacification ni de légitime défense. C'est après que viennent les images de prisonniers irakiens face contre terre qui ont fait le tour de la planète. Et là, l'opinion a assisté, médusée, à un véritable parti pris avec des médias qui appelaient au respect des Conventions de Genève quand il s'agissait de soldats américains faits prisonniers, mais qui devenaient étrangement muets avec les militaires irakiens. Un double standing. Mais aussi un traitement à la carte ou au cas par cas des Conventions en question. Leur application, il est vrai, est laissée à l'appréciation des pays signataires. Le collectif de défense de Saddam Hussein, qui entend porter plainte contre la publication de ces photos , estime que celle-ci « s'ajoute à la série de violations des droits du peuple irakien commises par l'Administration américaine ». Et puis, il y a cette accusation d'un expert britannique dans la préservation des manuscrits et des antiquités, selon laquelle les forces d'occupation américaine et leurs alliés ont délibérément détruit le musée de Baghdad et les principales bibliothèques du pays et d'avoir volé et incendié des livres d'une valeur inestimable. Jeffrey Robert a indiqué que les pillages ont pris pour cible des lieux qui se trouvaient à proximité de ministères hautement gardés par les forces américaines. Ces actes de pillage se sont déroulés entre le 10 et 14 avril, soit la première semaine après la chute de Baghdad. Le musée de Baghdad a été la première institution archéologique à être prise pour cible le 10 avril, a précisé l'expert. La bibliothèque des Waqf a été la deuxième à en faire les frais. A ce propos, Jeffrey précisera que 5000 ouvrages archéologiques en langues arabe, perse et turque ont été volés et brûlés. La destruction ne s'est pas arrêtée là, puisque l'académie irakienne des sciences et l'université d'El Naciriya ont, elles aussi, fait l'objet de bombardement. Pourtant, ces fameuses lois de la guerre appellent au respect et à la préservation de tout ce qui ne participe pas à la guerre en question. Et en la matière, le CICR doit disposer d'une longue liste sur tous les lieux de bataille à travers le monde. Mais s'il faut reconnaître le courage et le mérite de certaines ONG, il y a tout de même lieu de noter que leur travail se contente de décrire les affres de la guerre, comme si celle-ci était une fatalité, ou un fait entendu.